Petit, petit, comme vous y allez !
Ce petit-là est un géant des Pyrénées ; il propose une boucle classique avec le passage par la brèche Edouard. Cette dent relevée comme un croc se dessine de très loin et dès lors qu’elle ressort du paysage, comment ne pas s’arrêter sur cet ergot en se disant « j’y étais », comment ne pas revoir des images de la crête effilée, le passage du bitard, du sommet, de la dalle, de la brèche ? Pour le groupe du jour, elle aura aussi un fort goût salé de dent-brouillard… Nous y étions en 2007 à douze et déjà le brouillard posait des problèmes, mais plutôt de bon matin ce jour-là (voir les photos d’archives).
Ce matin, un peu avant 9h, tout semble bien en place. Partis avec 2 voitures, nous en laissons une, un peu après les tunnels Aubisque Soulor, côté Soulor pour éviter le retour sur le goudron. Le temps bien clair permet de bien cerner l’itinéraire d’approche. On croise le trail des Crêtes du Soulor et on aurait pu même s’y ravitailler. La crête de Biassarrey arrive bientôt et Françis nous laisse poursuivre. Désormais à 5, les enchaînements de passage aériens se succèdent et il y a très peu de pertes de temps. Casques au vent, Philippe, Stéphane et André éclairent la route de la cordée Christiane Antoine. Seul Philippe évitera le bitard, ce petit Capéran que l’on peut escalader et… qu’il faut désescalader. Un mur se passe en faisant 2 travers et le sommet se gagne peu avant 13h. Notre belvédère du jour ne livre pas un spectacle éclatant, ciel beaucoup trop encombré. Déjeuner mais pas de gros répit pour le retour. Très vite on arrive sur une grande dalle bien striée à droite, passage. L’avancée pas à pas, puis une progression plus facile, enrouler des gendarmes et un gros cairn marque l’arrivée pour le passage de la brèche Edouard. En fait, il s’agit d’une cheminée bien bordée, plutôt facile et très spectaculaire. Le groupe bien compact s’y lance sans traîner. Les cairns deviennent moins évidents et il y a ce brouillard qui monte, qui monte. La progression devient un peu hachée, les questionnements de plus en plus nombreux. Heureusement, sortis de la partie falaise-rocher, nous avançons désormais dans le pierrier avec seulement une dizaine de mètres de visibilité…
L’altimètre donne 2350m, le plan de vol propose de descendre au mieux pour trouver la cabane de Larue dernière ancre promise par la carte. De proche en proche on ne trouve rien, toujours ce voile bien épais, bien gris. Après une tonne trois quart de tâtonnements et 400m en contrebas, l’alti donne 1930m ! La cabane est plus haute ! Pftt la promesse… Rien vu. Pourtant la pente se fait moins raide, l’herbe beaucoup plus présente et synonyme de pâture… Sur la même courbe de niveau, un coup de volant brutal à droite mène à un ravin… Même chose à gauche et enfin, à l’avant les voix de Philippe et André donnent un chemin clair pour nos pieds, beau comme un soleil pour nos têtes. Deux minutes plus loin, on croise un randonneur, un « local » qui monte jusqu’à la cabane… André reformule l’itinéraire, limpide. Ensuite, en perdant de l’altitude, on gagne en visibilité. L’intermède brouillard terminé, on aperçoit en contrebas la route au niveau du cirque du Litor et le premier tunnel de Bazen. Il reste beaucoup à faire et le sentier s’amuse pas mal avant le dernier bois dans lequel il descend enfin brutalement. 17h30, l’arrivée à la voiture soulage bien le groupe.
les photos de philippe sont par ici
Antoine
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