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Boucle Punta de la Espata (2202m), Bacun Norte (2195m), Bacun Sur (2114m)

    1. Ce n’est plus une surprise, la programmation des randonnées a un peu du plomb dans l’aile. Ce matin, « le mouillé et plus » nous est promis du côté de St Béat et si l’encadrant n’a pas de plan B, son Président en a un pour lui ! Européen convaincu, il est même venu avec une carte espagnole, au prétexte que, de l’autre côté des Pyrénées, si l’herbe n’est peut-être pas plus verte, elle est surtout moins humide. Une vraie feuille de route mais avec ce 49.3 imposé on pourrait dire que notre « exécutif » dépasse un peu les Borne(s), pourtant malgré une légère fronde offusquée menée par un illustre soixante-huitard, le déroulé de la journée va saluer l’initiative et valoir à notre élu un statut de président éclairé, ce qui valorise la fonction. D’autant que sur le retour nous découvrirons une pépite à Cette-Eygun avec ce bar à l’effigie bière « Paulaner ».

Mais nous n’en sommes pas à l’épilogue, seulement au prologue, alors il nous faut commencer. Adieu donc, Pic du Gar, Pic Saillant, boucle élégante au pied de ces magnifiques belvédères sacrifiés, désintégrés, oubliés, dévalorisés, à l’aube de ce printemps prometteur. A la place, à 5 (le couple Marie Laure–Didier et 3 présidents dont un ex à la retraite, ce mot est important), nous serrons les fesses dans le tunnel du Somport en espérant une fois de plus le miracle de la sortie espagnole ensoleillée. Inutile de faire durer le suspens, le miracle a bien lieu. C’est désormais sans aucun regret (Inri Gar et Saillant, le deuil fait mal mais doit être digéré) que nous atteignons Villanua et laissons la voiture au début de la piste qui mène jusqu’au refuge « Cubilar de la Espata ». Sans autorisation spécifique de la mairie, avec une voiture, on ne peut pas aller plus loin que notre parking de la sortie du village. Pour le refuge, il y a quelques km en plus et on se rappelle qu’il fut, jadis, le départ de nombreuses envolées des Pétos vers la Collorada, il y eut même des tentatives en ski de rando…faut pas que je m’éparpille trop, sinon ça va être UPL un peu long. Philippe est venu sans le sésame (preuve d’une certaine improvisation), mais nul besoin, il projette en secret une énorme fantasmagorique boucle (c’est du Dali, autre illustre catalan) que nous ne pouvons pas imaginer car la fin de la boucle n’est pas sur sa carte et il ne la connaît pas tout à fait…Hélas, c’est là que sera l’os.

Et nous voilà donc, quinte ou quine, remontant le barranco Villanua o de Bazuelo vers ce refuge. Notre président euphorique baigne dans le bonheur, aujourd’hui il pourrait corriger une épine qui le mine ; toujours à fond, il mène grand train et à la magnifique Fuente del Paco on change de lead juste pour essayer de le calmer, si c’est possible…Le chemin est superbe, la forêt propre et éclairée. Au bout d’un grand moment on sort de la forêt juste au refuge, et, désormais on voit un peu mieux de quoi il est question. Premier objectif, la Punta de la Espata. Nous n’avons pas pris de raquettes ni de matériel neige, juste les crampons inutiles poids morts de la journée. On trouvera quelques petits névés insignifiants. Il faut maintenant continuer dans le barranco, enrouler un dernier bouquet d’arbres et se projeter vers le collado Bacun. Petite hésitation un peu au-dessus du col, car la suite prévue c’est de passer par les 2 Bacun et descendre la Selva de Villanua et cela ferait UPL ; si on veut faire plus court, il pourrait être question de court-circuiter la Punta Espata ! Mais dans ce quinté, à ce stade, avec une seule unité partiellement éclairée d’où son hésitation, les autres n’hésitent même pas, ils savent faire confiance à la poigne ferme d’un chef. Et puis cette Punta Espata n’est pas si loin. Pas de quoi calmer les ardeurs. Ce serait un non-sens, un crime de lèse-montagne, un refus de sommet.

Au sommet, plus loin et plus ardu que prévu à cause de cette croupe prometteuse mais en antécime qui n’en finit pas, la vue sur la Collorada est magnifique ; par transparence certains distinguent aussi la Pala de Ip et la Moleta. Gros souci : Jean-Marie se trouve retardé car il est socialement engagé assesseur photographe pour un groupe d’espagnols, ce qui explique qu’il n’a pas pu participer à la décision sur le lieu du repas. Le choix discutable se porte sur une terrasse tout confort en contrebas pour éviter l’air vif d’Espata et aussi la vue sur la Collorada, El Fraile, la Pena Somola et plein d’autres. Quand il nous rejoint, en tant que suffrage non exprimé, il objecte ce déni de démocratie et on a droit à la motion de censure (qui ne passera pas parce qu’on ne déménage pas), on se contente de la juste bénédiction corsée de l’esthète. Dans ces moments, seule une Paulaner aurait pu le calmer et encore pas si sûr !

Après le café de Philippe, trempé aux biscuits de Marie-Laure ou/et Didier, le groupe revient sur le bout de crête et rejoint vite le Collado Bacun pour accéder au Bacun Norte et assez vite au Bacun Sur. Notre guide s’envole alors dans une descente faussement incontrôlée plein ouest vers la Selva de Villanua. On vérifie au gps et au balisage vert et blanc que nous ne sommes pas encore perdus. Itinéraire dans une forêt sur un chemin de crête. Nous avons dû passer à la punta de la Selva mais on ne s’en rend pas trop compte…avec la conjugaison élan + vitesse + président en tête, c’est difficile de s’arrêter…Dès lors, le chemin traverse une zone de buis et devient beaucoup plus pentu, cela va durer sur 400m de dénivelé (lieu-dit la Carga on peut traduire « la charge », oui, on charge) pour déboucher bien au-dessus de Villanua sur une prairie avec une bâtisse abandonnée. On trouve des traces de piste mais, à cet instant, la priorité des priorités pour nos retraites c’est de bien voir si on a assez cotisé, et donc l’heure n’est plus de trouver le bon chemin pour y parvenir, il nous faut d’abord terminer, valider, un cursus, une stratégie, un protocole, une « reco » entamée par Philippe voilà quelques lustres. Un truc qui a dû passablement le frustrer, on a bien compris qu’il fallait être bienveillants. Reconnaissons quand même que pour tout apprenti bénévole encadrant, l’instant est magique : on vit l’art de la reconnaissance. Pour moi qui ne reconnaît plus grand-chose, un instant d’émotion m’envahit, je revois mes premiers errements du temps jadis quand je courais aux champignons dans les basques de mon grand-père…

Donc on vit une parenthèse interstellaire (dixit encore Dali…le catalan de Cadaquès). Du coup on prend plein Est (sur l’azimut de notre coche) pour goûter un peu aux chardons locaux, vérifier les fausses traces, abandonner les sous-bois aux sangliers et aux chasseurs ; tous les sens aux aguets, la truffe au ras de l’herbe, beaucoup de réflexions personnelles aussi, surtout suivre pour survivre. On croyait être sortis d’affaires, que nenni ! Je suis pourtant bien sûr qu’on a croisé de véritables vestiges de chemins…des siècles derniers. A un moment, la récré est terminée, la cloche a sonné, il faut constater le manque de solution et faire demi-tour sous peine d’une vraie motion de censure, et donc se relancer dans une direction contraire, contrariée, retrouver la piste mal orientée. Parenthèse terminée.

C’est un vestige matérialisé par le dolmen « Diez Campanas » qui donne la clé par le saint esprit gps et on découvre un beau chemin qui indique la ciudad de Villanua à 40 minutes. Enfin, juste un peu après, bonne direction, pente et plein nord, ça nous réconforte. Mais elle n’est pas finite…pas finite encore. A Villanua, il faut retrouver la voiture et après avoir traversé le quartier de l’église de San Esteban, reprendre un sentier qui indique…« La Fuente del Paco », ça vous rappelle quelque chose ? Sinon, c’est que vous n’avez pas bien suivi…Vous relirez.

Une courte montée exigeante nous embarque dans les bois et un bon sentier en balcon ramène directement sur la voiture, presque sous l’aqueduc ferroviaire. Boucle aux petits oignons, Mister Président. Congratulations, Good Game.

Pour boire un coup, on décide de repasser le tunnel. Les « Voyageurs » d’Urdos pas ouverts, reste le « Permayou » à Accous mais c’est sans compter sur cette balise de Paulaner détectée par le copilote en entrant dans Cette-Eygun. Après tout, la journée placée sous le signe de la « reco », peut encore réserver de belles surprises. Petite manœuvre et pour certains, la pinte de breuvage brassé accompagnée de galettes bretonnes de Marie-Laure ou/et Didier, l’évocation de moments de montagne, d’autres montagnes projetées et rêvées. Le temps des épicuriens repus passe trop vite.

Antoine.

les photos de Marie-Laure et Antoine

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