3h de voiture sont nécessaires pour arriver jusqu’à « l’Estany de LLauset », notre point de départ du jour : rejoindre l’Espagne en passant par St Béat, la frontière, Bossost, Vielha et son tunnel et enfin le petit village d’Aneto. Ensuite une piste d’abord bien carrossable mène le rythme pour une dizaine de kilomètres en contournant dans un premier temps la « Serra dels Evangelis », on admire alors les lacets qui vont nous mener tout la haut ! Les 4 derniers kilomètres deviennent très chaotiques mais la chance, des travaux d’entretien viennent d’être réalisés. Et voilà enfin le final avec une sorte de paravalanche qui protège un croisement, une infrastructure aux dimensions impressionnantes toute en béton, bâtie comme un tunnel à 3 têtes, irréel…Il faut prendre la sortie de droite qui monte et deux virages plus loin des portes métalliques protègent l’entrée d’un nouveau tunnel peu rassurant : s’introduire, avancer encore, quelques frissons, quelques nids de poule…1 km plus loin, les aventuriers du jour jaillissent de la montagne et découvrent soudainement un nouveau paysage, l’Estany de Llauset, avec le barrage à gauche et notre parking à droite. Ouf, tout le monde descend, altitude 2200m. Quelques nuages mais les conditions resteront belles toute la journée : des veinards !
Pour faire les crêtes de Ballibierna il faut longer la rive gauche de l’Estany et remonter tout le Vall de Llauset, plein Ouest. L’itinéraire paraît indiscutable, il se voit dès le parking tout comme les sommets. Avant de longer l’étang, le GR11 fait traverser le groupe de 7 dans un petit tunnel défendu par une barrière de neige. Après le contour nord du lac, le GR sera laissé à droite, mais pas tout à fait abandonné puisque à cet endroit il terminera notre boucle. Très vite la neige bien présente accompagne la montée, on l’évitera encore pendant un grand moment, mais bientôt elle ne nous quitte plus. Sous le « collado de Llauset », un gros rocher constitue une cible idéale pour modifier l’approche car la pente devient trop importante ; les crampons passent à l’action, mais juste pour rejoindre le « collado ».
Le début de la traversée des crêtes commence alors dans un terrain très varié, avec un peu d’escalade ludique. Un gros bloc instable, pleine voie, donne un coup de chaud, une traversée s’effectue à plat, en neige, piolet en action. Encore un peu d’escalade et nous voilà au sommet de la Tuca de las Culebres (3051m). Sûrement un peu trop d’empressement pour se mesurer au fameux « Paso del Caballo », le groupe s’attarde peu sur ce premier sommet. Une légère descente dans les blocs et le voilà, ce « Paso » avec cet enchaînement rocheux effilé au-dessus du vide sur une petite cinquantaine de mètres…On peut éviter ce passage aérien par la droite en anticipant une descente d’une vingtaine de mètres…Dans le « Paso », des points bien présents permettent de poser une ligne de vie. Les garçons passent tous en bavaroise quand notre unique féminine nous propose une danse à elle, mi bavaroise, mi « à caballo ». Pour notre groupe, au bout du passage, il suffira de remonter quelques mètres pour conclure sur la « Tuca de Ballibierna » (3058m). Au nord s’offre le spectacle massif de la Maladeta, les sommets Russel, Margalide, Aneto sur leur droite Molières…
Après le repas sommital et sans sieste, la continuité sur l’arête nécessite de rester vigilants, mais cela semble beaucoup plus confortable que de descendre directement dans la neige…Dans tous les cas, il faut désormais affronter la neige pour avancer. Les crêtes sont terminées, le véritable retour commence maintenant. La neige ne porte plus du tout, elle se troue trop facilement, il y en a beaucoup trop. Les repérages malaisés, car plusieurs sources de cartes ne donnent pas toujours les mêmes informations…L’itinéraire se valide et se construit à plusieurs, la forme des nombreux lacs aide un peu à l’orientation, le positionnement du GR perturbe un peu. La belle troupe « d’aguerris » laisse pas mal de jus, aujourd’hui personne n’échappera à la chute. On évitera de peu le choix osé d’une descente directe en lui préférant la progression sur une croupe pour rejoindre un étang caractéristique, et surtout enfin, les marques blanc et rouge que nous attendions bien plus haut. Le nouveau refuge de « Cap de Llauset » nous apparaît alors, sous « l’Estany de Cap de Llauset » et au-dessus de « l’Estany de Botornas », imposant, moderne, très métallique. En descendant vers lui, il faut gérer à plusieurs reprises la traversée du « riou chelat ». On « boirait bien un coup » au refuge mais il est déjà 16h30 et il reste 1h pour rejoindre le parking du matin…En « tangentant » plein sud et rive droite « l’Estany de Botornas », se vivent quelques dernières frayeurs et bientôt face sud, la perte de la neige ce qui arrange bien, ras la casquette ! La boucle se ferme enfin en arrivant sur « l’Estany de Llauset ». Sur les pas du matin, les 2 derniers kms en balcon paraissent maintenant bien longs.
Le confort de la voiture, à nouveau les images spectaculaires de la piste, nous sommes soulagés de retrouver la N230 et le tunnel de Vielha. A Vielha justement, il est bien temps de conclure cette journée dantesque au bar !
Un grand bravo aux aventuriers du jour bien solidaires, une magnifique équipée pour une belle réussite dans des conditions de neige exigeantes.
Antoine
les photos de Marie-Laure sont ici
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