Ce matin, au rendez-vous c’est un peu le vide, entre pluie annoncée et programmes sportifs nationaux, les idées aussi mènent le monde. Du coup pour lutter contre la scoumoune qui s’acharne sur mes programmations, je me suis promu d’encadrant aussi encadré, photographe, conducteur, statisticien, conteur, tout à la fois.
En réunion avec moi, nous avons décidé de ne pas démarrer la rando du jour au pied du Trône du roi mais bien à Sarrance ; cela rajoute un petit 500 mètres de dénivelé au prévu, mais aucune opposition grincheuse notable par rapport au changement de programme. Cependant compte tenu du nombre,
il faudra redoubler de vigilance, de concentration et toujours encore pas de fautes, pas de fautes, pas de fautes. Derrière l’église magnifique où le groupuscule fait une prière pour la journée et le futur, démarre un chemin de transhumance très agréable qui mène jusqu’à la ferme de Bordenave du Pelut au pied de la normale du Trône. Là, une rencontre intéressante avec un lama noir peu farouche qui aurait pu porter mon sac ; il voudrait nous accompagner, ça se discute. Un marron lama arrive aussi et bientôt la famille, des blancs, des tachetés. Ma parole, ils font du stop ? Point trop n’en faut,
d’ailleurs on est au complet.
Au pied du Trône, première entorse iconoclaste, le choix se fait plein Nord en ignorant le siège royal, sur la piste qui descend dans le vallon suivant en enroulant la masse du sommet. Dans la forêt un premier grain de pluie ne surprend pas. On s’adapte, cela durera, sans violence excessive, une petite
demi-heure. Arrivé vers la Borde de Pelut, plus qu’un chemin, c’est une saignée qui remonte vers le col de Napatch. La saignée sera prise jusqu’à sortir du couvert forestier et là encore un nouveau réflexe inhabituel, le groupuscule transgresse tous les codes et progresse dans les pierriers calcaires pleine pente et plein Nord jusqu’à sortir sur la crête de Souturou. En sortant en crête un vent violent vient agrémenter la journée, ça craint, goretex de sortie. Cependant le plafond reste haut et on profite du spectacle. Comme la pluie a cessé, les enchaînements de crêtes démarrent sans aucun sentier véritable : crête de Souturou, Sum de Souturou, crête de Moustayou, sommet du Moustayou, plateau, dôme de Biscacou, col de Napatch, crête nord-est du Trône du roi, sommet du Trône.
Il reste à redescendre par la voie normale, rejoindre nos amis lamas pour finir la boucle et la descente vers Sarrance. Mais la trêve se termine, la pluie revient toujours sans violence et pour une demi-heure, les paysages se chargent et s’assombrissent. C’est en retrouvant le couvert du bois que le groupuscule qui descend rencontre un autre groupuscule qui monte, situation cocasse totalement improbable où chacun se demande ce que
l’autre quidam fait là…On n’est jamais tranquilles ! On ne parle que de la météo, je promets le beau temps…après la pluie, tout aussi logique que le célèbre « si tu regardes la météo tu restes à Pau ». Mais, j’ai une autre maxime toute simple et mieux appropriée pour expliquer une telle journée :
« que vive la montagne libre !! »
Pour les statisticiens, entre 1200 et 1300m de dénivelé et 5h.
14h à la voiture, et 15h un bon café chaud devant la seconde mi-temps de France-Japon.
Antoine
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