En cette rentrée scolaire, c’est un groupe (de huit) très affûté qui se propose pour aller apprivoiser les crêtes qui trônent plein sud du parking du col de Moulata dans les « Hauts de Hautacam ». Le programme rend perplexes quelques uns qui se demandent bien à quelle sauce ils vont être mangés, sachant que l’encadrant essaie d’expliquer qu’il s’agit simplement de parcourir un grand bout de la ligne d’horizon…Il y a donc sûrement quelques raisons de se méfier.
Le début nous colle le classique bon chemin comme pour rejoindre le lac d’Isaby encore paisible et orphelin d’adeptes de baignade sauvage. Un peu trop vite, un peu trop bas, il faut remonter vers la cabane de Picourlet puis rejoindre la petite mare du Lac des Plagnus où un premier arrêt s’impose. Reprendre son souffle après 4 km de « presque plat » car fini la rigolade, ça va monter non-stop pour rejoindre le cirque de la Grande Estibère. Pour notre bonheur, l’itinéraire file sous les contreforts et propose de l’ombre. Nouvelle Pause ! La muraille se présente foncée, le bicéphale Soum Arrouy ne laisse voir que sa tête nord et il faudra passer dans ce champ d’éboulis pour rejoindre son col Est. Pas de panique, les enchaînements de cairns conduisent bien sauf un peu sur le final, où l’abordage du guide laisse entendre qu’il aurait perdu les cairns. Bof, pas le temps de souffrir, le col est déjà là ; les paysages sont magnifiques, les horizons un peu chargés de cette nébuleuse couleur sable venue du Sahara, porteuse d’eau, porteuse de poussière. Le soleil nous prend et nous donne l’impulsion nécessaire pour toucher d’abord le petit sommet Arrouy, le sud, et ensuite son aîné au nord, celui que l’on voit de Hautacam, le croc noir de la ligne d’horizon !
D’ici, le sommet nous propose une vue plongeante, côté Est sur un bout d’arête bien sauvage et envahie par les rhododendrons et une roche pourrie qui s’effrite. Pour en sortir, il faudrait descendre au bout de 200 mètres et côté col Est du Pic de Léviste, une cheminée d’une vingtaine de mètres, bien sale avec de l’instabilité partout. Le jeu ne vaut pas la chandelle et le parti pris sera d’éviter ce sac de nœuds en le contournant par le sud. Descendre 50 petits mètres, trouver la meilleure trace et rejoindre le col du Pic de Léviste. Ainsi fut fait. Objection votre honneur, en passant sous le col, on ne tient plus les chevaux. On devait monter un rampant herbeux pour éviter le cône d’éboulis du col, choix très judicieux ; mais dans la montée sauvage, les odorats de la horde ont flairé l’odeur du sommet tout proche et la désunion du groupe s’accélère en même temps qu’une dérive en Ouest, en fait trop à bâbord pour les marins. Seul l’encadrant, toujours aussi borné et en accord complet avec lui-même, reviendra à tribord pour saluer ce col qui est quand même « la normale au Pic de Léviste », excusez du peu ! Car sachez le bien, faire impasse sur un col est un sacrilège de montagne tant il peut donner d’informations pour aujourd’hui ou le futur. Du coup, sur le fil de l’arête, seul, il retrouve un cheminement conforme et confortable avant de récupérer, une, puis deux âmes égarées. Ce sera là le seul désagrément notable de la journée.
Au sommet, « congratulations », of course. L’objectif de la journée est atteint : les gosiers, les panses, remplis, il est à peine plus de 13h. On n’ose pas y toucher mais comme un « pousse café » bien alcoolisé, on ourdit une possibilité de retour élégant. Eh oui, il y a le Soum de Léviste, à vue, en Ouest. Entre les deux Léviste, depuis Moulata, on voit ce petit dôme de couleur claire, il semble anodin et pourtant « c’est là qu’est l’os », nouveau sac de noeuds. Un passage aérien conduit d’abord vers un gendarme facile à éviter, puis sur un petit pas dans une vire de roche pourrie au-dessus du vide ; il conviendrait d’équiper pour le franchir en sécurité, sortir sur une dalle et poursuivre sans autre alerte. On peut y bien transpirer et Jacques peut en témoigner. Joker ! On devrait pouvoir contourner comme tout à l’heure ? Nous voilà enroulant l’écueil par le Sud dans la recherche des meilleures traces dont nous pouvons disposer. Plus loin, pour ne pas avoir osé faire preuve d’autorité en quittant la trace et partir à l’abordage dans le talweg herbeux qui se proposait, la trace nette nous mènera, après un cheminement bien acrobatique, pratiquement sur le Soum Léviste. Des panneaux photovoltaïques alimentent antennes et radio téléphone de secours.
Pour le retour, la descente s’effectue vers la Hourquette de Bo puis en Sud dans le cirque de Séasquet vers le Mail de Capet. Magnifique itinéraire, on passe un col en oubliant de « couronner » le Soum de La Siarrousse, mais nos gibecières étaient déjà bien remplies…Un peu de fraîcheur au ruisseau en restant debout et sans enlever le sac, essayez donc !
La journée se clôture au pot sur la place d’Argeles Gazost où différents « couacs » de liquides et liquidités devront être assumés par tous, pour tous. On a du mal à suivre les calculs globaux et un peu unilatéraux de nos autorités. Franchement, en cette actualité scolaire, je suggère de revenir aux sources, à l’épicerie de nos grands-parents, ce n’est pas si compliqué que ça et ça fera du bien à tout le monde !
De couac, il n’en n’est pas question toutefois sur le solide en dégustant le gâteau savamment orchestré par Didier et Marie-Laure, à moins que ce ne soit l’inverse…On se perd dans l’ordre, mais c’est toujours très généreux et très bon.
Bravo à Tous.
Antoine.
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