En ce jour où quantité d’œufs de tous poils sont très recherchés, ce dimanche de trait d’union électoral, quelques manifestants de l’ASPTT Montagne se retrouvent à Gabas pour rejoindre les crêtes qui dominent le promis magnifique lac d’Aule, havre de paix. Les conditions de ce printemps restent particulièrement enneigées au-dessus de 1800m et laissent envisager une journée pour le moins engagée… d’autant que la route d’accès vers le lac de Bious-Artigues, pas encore ouverte, vaut 6km supplémentaires. Heureusement pour le groupe de 7, ciel bleu et plein soleil ne failliront pas. Pour nous ce sera menu sans raquettes mais pas sans viande. Durant la déambulation sur l’inévitable préambule routier vers le parking de Bious – ce parking devrait sans doute prochainement changer de statut estival passant de « gratuit » à « payant », évolution naturelle compte tenu de sa « sur fréquentation » et surtout surtout surtout de l’emploi de services publics bien connus pour l’entretien de la route – en oyant certains commentaires, on souffrirait un départ sur un rythme inhabituel, presque lent ou en tous cas moins rapide ? Un peu vexant, n’est-il pas ?
A l’entame du chemin vers le lac d’Aule, un seul lacet et nous cueillons le premier soleil, énergie gratuite (rappelons-le c’est écologiquement électoralement important) et revigorante, un temps d’arrêt pour en profiter. Las, les accus à peine un peu boostés, il faut vite repartir à travers la forêt de hêtres au-dessus du torrent vers la bergerie de Aule, cabane autour de laquelle règnent en maîtres lors de la saison pastorale quelques Patous outrageusement agressifs, agressivité totalement assumée par le berger, donc zone connue peu hospitalière…Heureusement, Pâques, c’est un peu trop tôt pour tous ces fervents gardiens de pastoralisme qui ne cherchent pas les œufs mais vivent seulement le poil hérissé. Pourtant le guide du jour tient à passer rive gauche du torrent sans neige ce qui évite donc la cabane, fait monter un peu plus le dénivelé et vaut une traversée de torrent (non prévue) à l’arrache. Les sauts de cabris se succèdent entre deux rochers sauf pour Gene, peu fervente d’adrénaline matinale, qui sort son joker « pieds amphibies », gage d’un peu plus de sérénité. Sortis du chemin, nous le retrouvons plus haut sous le chaos, verrou d’accès au lac.
Le premier véritable contact avec la neige surprend un peu : une relative bonne prise sur le dessus et tout fondu en dessous et du coup « ça troue » ; un peu pète gueule cette neige et dès l’entame du névé Marie-Laure, souvent bien placée dans le haut de la file, en fait les frais avant les autres. Jean-Marie venu reconnaître dans la semaine recommande de cramponner tout de suite. Maintenant un peu plus serein, toujours en balcon « gazeux » au-dessus du torrent, le groupe bien étiré grimpe en travers. Au petit col au-dessus du lac, les véritables difficultés de la journée sont finies, on ne le sait pas encore, il ne reste que du pain blanc ! Après un arrêt au-dessus du lac qui perd de sa superbe et serait presque insignifiant en tenue hivernale, il suffit de suivre la grande combe qui s’offre pour remonter vers le col du Turon Garié sous le pic de Gaziès. La progression reste pénible, toujours des trous, surtout pour Olivier qui collectionne les plus, plus gros, plus profonds, plus chiants, les meilleurs, et ça colle en plus. Un dernier arrêt sur un espace sans neige et Didier assure le dernier relais bienvenu pour sortir enfin en crête bien à gauche du col. Un moment magique de découverte d’un nouveau panorama à 180°. Mais pas de véritable temps mort, on ne s’apitoie pas, ici, on enlève les crampons pour suivre maintenant le fil de crête où les passages en roches et neige souple s’enchaînent jusqu’au sommet. Le groupe bien compact arrive un peu avant 13h.
Inévitablement le panorama des commentaires défile : gros plan sur Ossau ou Gaziès, plus en retrait le Sesques bien gardé par son adorable géougue sentinelle monolithique noire magistrale et mystérieuse (fantasme de votre serviteur), étude plus serrée pour Visaurin Anie Ansabère, zoom nécessaire sur la balafre du Balaitous, les Frondellas dont pour la plus petite, la conquête s’avéra tant problématique… Repositionnement de moments d’histoires communes et de belles envolées, magnifiques souvenirs partagés, et puis là, tout proche, un peu plus haut, l’arrogance de cet insignifiant pic d’Aas qui nargue un peu, dominante taupinière. On irait bien… Faut pas nous chercher ou regarder de travers comme ça, surtout un jour de grand beau avec un groupe bien en place ! Après le repas dans lequel se partagent entre autres cacahuètes, liquides, chocolat, café et presque inévitable cake de Christiane (pourtant absente), l’affront d’Aas revient au galop. Mine de rien Jean-Marie, tel un ibère matador carnassier barbu bronzé, porte l’estocade pour l’achever en promettant, de là-haut, de basculer du côté de l’Arrec d’Aas. A la promesse du « retour élégant », mots intimes et magiques à peine balbutiés mais tonitruant sésame ASPTT, plus de quartiers ! La fête d’Aas s’engage ! « Recramponnage » et « refil » de crête, sur l’élan de notre détermination, en 20 minutes la messe pascale est pliée, les œufs d’Aas sont cuits, on ne s’arrête même pas au sommet pourtant la plus haute côte du jour (2427m) et pour la suite en descente Philippe, en Président autoritaire déjà élu avec 100% des suffrages, et avec son chef d’œuf bien couvert pour Pâques, prend le relais ; il piaffait depuis quelques heures déjà, sa future campagne prendre forme ici ! Mais ses conseillers l’empêcheront de descendre trop vite, trop rare, il convient de le faire durer un petit peu. Les décisions présidentielles, des fois… On profite du fil de crête confortable jusqu’au petit col pointé à 2084m et c’est la traversée du « Quartier d’Ass ». Avant l’arrec, nous perdons la neige et les crampons pour rejoindre une belle cabane (1668m). La suite sera du velours même si sur ce chemin, une entourloupe grossière guettait un peu au-dessus du lac, là encore, nul besoin de sortir la carte, nul besoin d’un quelconque autoritarisme pour convaincre, le GPS intégré de Jean-Marie (comme un monarque bien éclairé) suffit et remet l’ordre.
Le retour pénible sur la route, certains ne l’ont pas vu passer comme votre scribe du jour en grande conversation avec Didier sur un thème d’actualité compte tenu des élections : comment faire face à l’ours des cavernes lorsqu’il s’invite à votre bivouac. Réfléchissez-y ! On relève les copies la prochaine fois. Mais bon, disons que Didier et Marie-Laure ont bien fait le tour de la question et peuvent donner de bons tuyaux, le scribe est convaincu, ils bénéficieront de son vote !
Enfin, pour répondre aux statisticiens et autres sondeurs qui se plantent souvent, on aura tutoyé les 20km, 8h et 1500m de dénivelé, mais pour ce dernier chiffre avec 3 altimètres décalés on ne sait pas bien et c’est un nouveau problème de riches, problème de communication aussi et de fakes news, qui se présente au peuple insatisfait frustré vociférant manifestant hurlant votant (on avait promis seulement 1100m !), problème de société de surconsommation assurément. La carte du vingtième siècle ou du millénaire précèdent dira qu’entre les 1027m de départ et 2427m du point haut, il y a déjà 1400m tout juste et il faut assurément conclure sans chercher trop de « poils aux œufs » le jour de Pâques que 1500m furent bien faits.
Merci à tous pour cette belle journée correctement remplie, c’était juste simplement parfait.
A bientôt,
Antoine.
les photos de Gene et Marie-Laure
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