En ce premier dimanche de mai, un groupe de 5 part pour une nouvelle aventure au pic de Barassé : au Barassé, il se passe toujours quelque chose…La grosse chute de neige fraîche dans la semaine et une météo annoncée orageuse dès le début d’après-midi valent un peu de stress, en mai fais ce qu’il te plaît…La voiture (une VW quand même !!) sera abandonnée au virage du Garet. Il s’agit maintenant de bien de se préparer pour traverser le torrent impétueux et inévitable ; las, une passerelle aménagée simplifie bien la tâche. Autrefois, les difficultés commençaient ici, dès l’entame avec un passage à négocier sur des troncs d’arbres savamment orchestrés…Le progrès, la modernité, riche monde, tu perds ton sel…
Le chemin, un GR dit 10, qui mène au complexe hydraulique de Grezioles ou au refuge de Campana de Cloutou marque bien son empreinte et souvent dans une cacophonie de traces on cherche la meilleure solution sans la trouver, il y en 10, trop riche monde…Premier étage du Pla de Garet et déjà la masse sombre du Barassé s’impose à notre droite. Second étage à passer et nous arrivons sur un premier couloir à droite qui pourrait faire illusion : 1850m, trop bas dit l’altimètre, trop bas confirme la carte, il faut encore monter. 2000m, cette fois on a tourné à droite sans demander la permission, à 90° en laissant le GR, un cheminement limpide sur tapis vert, dans notre monde libre au gré du bon vouloir du jour, pour remonter l’entonnoir où naît la «Hount Nègre». La pente devient impressionnante et les plus jeunes, les plus féminines, les plus légères aussi, prennent le pouvoir sans le vouloir réellement ! La météo devient très instable et nous gratifie d’un peu de grésil, les nuages menacent. On insiste quand même…pas un peu peur. A un moment le choix de couper vers la gauche nous amène comme sur un petit promontoire qui domine le couloir voisin. On débusque un isard à quelques mètres avec son pelage neuf, bien clair, magnifique.
Me trompè-je ? Ma mémoire devient parfois défaillante, trop de vécus complexes variés avariés, mais ne serait-ce pas là les « chicanes du couloir » que nous avions conquis le 24 décembre 2006 avec notamment Eric et Jean-Marie (encore !) et 3 alter-ego du Caf de Tarbes ? On avait brassé et embrassé la neige pour sortir au Barassé ! Mais aujourd’hui, dans cette face sud, juste un fil neigeux d’un mètre de large. L’approche du ravin se révèle très inconfortable car le rocher est pourri instable et aérien. Au milieu du ravin, le pierrier bouge beaucoup. La neige nous aiderait mais une fois dessus, il reste quelques centimètres de fraîche et dessous le piège de la glace dans laquelle le coup de pied peine à marquer son empreinte, une grosse pente aussi…On pourrait encore passer en crampons et se lier ; l’endroit un peu austère ne se prête pas aux manipulations du quintet. Dommage, quelle élégance ce couloir, quelle magie, quelle beauté, quelle fête, quel pied !! Marche arrière sage, hors neige, une solution se propose en enroulant par la droite le contrefort et une trace nette sans plus aucune difficulté mène sur la crête sommitale. A droite un premier sommet s’offre et plus loin toujours dans la continuité de la crête avec quelques passages neigeux, le groupe finalise sur le second sommet équipé d’un cairn caractéristique puisque construit autour d’un piquet. Malgré les nuages, le panorama magnifique à 360°, vue aérienne sur le Tourmalet, La Mongie (nouveau centre du monde du XI chinois) sous un arc en ciel.
Il est question du pic du Serpolet un peu en dessous de nous, on évoque aussi le topo du randonneur méconnu inconnu, grand pourvoyeur d’informations montagne sur internet, qui décrit un autre itinéraire justement par la crête du Serpolet, côté Nord-Est du sommet donc plutôt en face Nord aujourd’hui bien enneigée. Mais pas de réelle motivation pour réaliser cette solution pour notre retour, donc pas de traversée du Barassé pour le groupe, pas de retour élégant, ce sera pour une autre fois. Ma future au Barassé, dans une dizaine d’années, sera une traversée, une boucle, c’est dit ! Aujourd’hui, la première préoccupation reste la météo et la réactivité : nous avons bien repéré que nous pouvions redescendre très directement, depuis le sommet, par les pentes herbeuses qui entourent le ravin de Hount Nègre, par le couloir en somme…Une première partie bien pentue se gère tranquillement, un peu plus loin, une trace à peine dessinée nous porte, les marmottes surprises et intriguées voudraient pouvoir être tranquilles, elles sortent à la fenêtre : c’est quoi ce tapage, un troupeau d’isards ? Nous nous posons enfin peu avant 13 heures, dans les rochers confortables à la sortie du ravin, près du GR10.
On a bien sauvé la journée puisque la pluie et l’orage ne viendront même pas nous chercher dans ce havre de paix improvisé dont nous profitons pleinement. Autrefois, chez les Pétos nous eûmes ici quelques expériences savoureuses et notamment une grosse partie du groupe, se démarquant de l’encadrant par l’attrait inexplicable d’une baignade torrentueuse, avait tenté un retour improvisé inélégant ; l’encadrant confiant sa troupe aux seules marques du GR, n’avait pu sauver qu’une seule âme de la faillite totale, on commençait à peine à essayer de maîtriser le GPS ! On était le 5 juillet 2015 la canicule en toile de fond (si cela vous met l’eau à la bouche, rassurez-vous, les photos et articles se rapportant à cet épisode sont encore bien présents et accessibles sur le site, mais ne traduiront pas tout à fait l’ambiance tendue et tous les noms d’oiseaux qui s’en suivirent lors du pot au noir). Las, aujourd’hui, rien à se mettre sous la dent, nada, que dalle, rien qui vaille le coup d’être rapporté, la paix, nous ne vivons que le calme et la sérénité d’un retour sans histoires, juste bien groupés.
Plus tard à Bagnères de Bigorre, une collation bien reconstituante s’organise avec les galettes bretonnes d’un couple d’anciens loups de mer et la tournée offerte par notre aîné.
Un grand merci à mes complices du jour.
Antoine
Les photos de Marie-Laure ici
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