C’est la deuxième année de suite qu’il faut un plan B à la Géougue de Tortes, les chutes de neige importantes de la veille le justifient. Et il faut quelques « lève-tôt » pour affronter le froid ce matin (six exactement) puisque l’heure de rendez-vous fixée à 7h reste conservée ! Pour aller où ? En Ossau et d’abord seulement où l’on pourra, où les voitures mèneront sans encombre de chaînage par exemple. Le jour se lève à peine lorsque le verglas nous commande l’arrêt au parking du plateau du Bénou, encore bien désert. Le plafond relativement bas et encombré, le ciel restera bien chargé et gris toute la journée… Il faut se bouger, un froid cuisant nous agresse.
A vrai dire, pour rejoindre le Pic des Escurets, j’avais espéré un départ du col de Marie-Blanque, et un peu «perturbé» par l’improvisation d’un itinéraire que je ne pratique jamais, j’ai pris une direction approximative dans des traces, mais aussi dans une approche de cheminement totalement rectiligne jusqu’au sommet : simplissime, la ligne droite. Heureusement l’absence de débat GPS ne vient pas perturber mes choix : volontarisme et confiance presque aveugles m’accompagnent, je suis un enfant gâté. Du coup on passe très laborieusement sur tous les méandres des petits contreforts au-dessus du plateau de Técouère (quand on aurait pu faire bien plus simple par le plateau) pour trouver ensuite une vielle piste délaissée et encombrée d’arbres dont les branches transversales constituent quelques pièges à traverser, à contourner et qui perlent peu à peu d’une neige consistante. Tels des sangliers, nous finirons par sortir, à l’aveugle, de cette vieille piste pour gagner la Serre de Loume et désormais en raquettes (la hauteur de neige devient significative, 30 cm et bien plus en certains endroits), nous construisons une trace dans la face (quand on aurait pu aussi gagner la crête). Un énorme chantier avec cette neige collante, chantier dans lequel chacun prend sa part comme dans un contre la montre par équipes (référence cycliste) ; cent, deux cents mètres en tête et tu t’écartes et reprends la dernière place de la colonne montante. Une alchimie parfaite, le partage de l’effort, la force du groupe.
On rejoint l’itinéraire du Col de Marie Blanque sur le profil Sud du sommet, il reste les derniers plateaux à traverser, ceux où se trouvent les plus grandes réserves béarnaises d’or rouge décoratif des tables de fêtes, le houx, et des buissons portent encore leurs fruits. Quelques petites côtes et le sommet. Le ciel reste toujours bien bouché : « côté montagnes », on a connu ici plus beau spectacle car même le rocher d’Aran se devine à peine, par contre « côté plaines », on reconnait bien Oloron, Arudy, Ogeu, Buzy, Pau et au bout du bout, il y aurait un rayon de soleil chez nos amis landais ! Le froid continue son travail de sape. On se féliciterait presque maintenant du départ matinal, il est déjà plus de 12h ! On trouvera dans les rochers, sous le sommet, un abri convenable pour se poser.
Pour bien capitaliser sur notre travail du matin, le retour se fera dans nos traces : distances de sécurité dans la face de la Serre de Loume, piste du sanglier dans le bois…On coupera quand même pour rejoindre plus vite l’abreuvoir de la Técouère et le parking du matin, maintenant bien encombré.
Pour commencer l’année, au final une journée bien consistante et complétement atypique de par l’enneigement et l’itinéraire, ça démarre bien 2024 !
Un grand merci au groupe bien compact, un grand bravo à Claire qui a fait des débuts très solides et prometteurs avec nous dans ces conditions rugueuses.
Antoine.
les photos de Marie-Laure ici
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