En ce jour de veille d’un jour non travaillé ce sont 9 Pétos (dont seulement 2 aux « affaires laborieuses» qu’il faut donc particulièrement bichonner) qui se retrouvent pour une randonnée concoctée par votre serviteur qui se demande bien, si, une fois de plus le programme pourra être respecté compte tenu du temps pluvieux ou « bruinasseux » qui se propose jusqu’après le col du Somport. Là, un premier évènement pourrait surprendre puisque l’orientation s’engage, non pas sur le premier parking comme le voulaient les occupants modernes et mieux informés du Duster N°1, mais sur le second comme l’a choisi l’encadrant un peu « version bourrin tradition à l’ancienne » occupant le Duster N°2. Inutile de vous dire qu’au moins deux oreilles ont dû siffler
pendant un long moment, puisque pas de chance pour ce quidam, le portail d’accès vers la « estacion de esqui de Formigal » esta cerrado. Du coup, il faudra écoper 2km de bitume à l’aller et 2 au retour et on aurait pu, soi-disant, éviter beaucoup de tout ça en passant par des pistes de « esqui » depuis
le premier parking.
L’ex-catalan qui a donc du mal à évoluer tant désormais il vieillit, va réussir à garder son calme malgré le ressenti bien aiguisé de la tempête sous-jacente et son sang chaud sous un épiderme de marbre, donc plutôt froid ; sa référence cartographique date du millénaire dernier, elle est au 40000ème et espagnole, de plus il ne skie pas et la dernière fois qu’il est venu là, nous étions plus jeunes de bientôt 10 ans…Pour lui, la route s’écrit simplement : GR11 jusqu’au « ibones de Anayet » et orientation plein Est vers le Pic d’Anayet, et pas besoin d’en savoir beaucoup plus ! En plus tout le monde le sait, non seulement il est difficilement évolutif, mais il est très très têtu, le type ! Aussi, comprenez, prenez pitié, soyez indulgents avec lui…4 km de bitume quand même, ça laisse des traces !!!?
La montée vers les ibones, après la partie bitumée, est assez pittoresque mais la grosse fonte récente fait enrager les ruisseaux qui ne se laissent pas traverser sans difficultés, et, on notera un échec retentissant mais sur le retour seulement, il se peut qu’il y ait eu d’autres échecs mais les traversées
étant très disparates, l’histoire ne le verra pas. Plus haut, on croise même une tente avec de vraies campeuses ! Avec la bruinasse on alterne, goretex, polaire, avec, sans et vice versa. Du coup, un peu secs à l’extérieur, on arrive à être bien mouillés de l’intérieur, sur soi…Arrive le passage entre les
lacs, les nuages s’écartent un peu pour nous laisser entrevoir le Pic d’Anayet. Pour atteindre le col, un mur de neige se présente, il faut passer en crampons. Quelques Z plus loin, le col atteint, on quitte les pointes pour une progression un peu sauvage jusque sous les chaînes permettant d’enrouler le bloc falaise du vieux volcan.
Compte tenu du passage gazeux et du caillou (peut-être glissant), la méthode proposée pour passer cet obstacle est de passer en solo en utilisant 2 sangles et un mousqueton : une sangle passée autour de la taille sera tenue solidaire de la seconde qui porte aussi le mousqueton qui va coulisser sur les chaînes (c’est mieux si on a un mousqueton « poire »). Attention aux rebonds de chaînes, il faut bien s’arrimer et passer le mousqueton de l’autre côté. Bon, c’était les consignes du jour et la méthode a été ok pour 66% des engagés, pour le tiers restant, ce devait être inutile, en tous cas jugé comme tel. On aurait pu faire mieux sécurité encore en rajoutant une corde. Non, on n’en parle pas, trop compliqué avec un % de réfractaires qui risque d’augmenter encore, on risque la grève sur le tas, voire la motion de censure car la corde est malheureusement mal-aimée, dès fois, qu’elle puisse vous
pendre…au destin maladroit d’un partenaire moins compétent car tout le monde le sait : « il vaut mieux être seul que mal accompagné ! ».
L’obstacle passé, une cheminée facile mais un peu encombrée mène jusqu’au sommet. On est toujours en manque de visibilité mais il fait bon et le timing impose de se restaurer. A un moment donné, cela s’éclaire vers toute la vallée de la Tena mais trop brièvement…C’est quand même marrant dès qu’on bouge aujourd’hui, il veut pleuvoir, il y a le brouillard qui devient plus dense après le repas. On repasse les chaînes avec les mêmes % et les mêmes conditions, le même succès, puis le col arrive, il reste à monter la taupinière du Vertice. Le fût sommital, type Vignemale en moins gros, est vite rejoint mais il est 14h30 et l’encadrant soulagé se dit qu’enfin, aujourd’hui, le programme prévu se réaliseRAIT ! Il ne resteRAIT qu’à rentrer !
L’interrogation qui domine devient maintenant le « retour élégant ». On a 5 ou 5,5 encadrants (soit plus de 50% des acteurs du jour et 90% des encadrants Pétos) dans le groupe et beaucoup de vécus sur le Vertice, y compris en esqui. On peut descendre en Sud-Est vers les Arroyetas, ou encore après au pic Cuvillas. Un délire imaginé à la maison de la montagne, à Gan ! Le groupe, toujours à plus de 50% d’encadrants, tergiverse à mi-chemin des Arroyetas surtout à cause du brouillard et du manque de perspectives pour décider. Ces moments de prise de décisions où on aimerait que le futur soit à coup sûr bellement écrit…On veut toujours, le beurre, la crème du beurre et la fermière…Du coup, l’ex- catalan, pas trop en mesure de prendre quelques risques avec tous ces cadres présents, il en perd ses valeurs, prend à témoin la cause du brouillard, le panache sera pour un autre jour ; il revient à sa seule priorité du jour. Il dit : « basta, on retourne au Vertice et ensuite au col, puis on descend le mur du matin en crampons et puis aussi à la station, et puis enfin sur la route bitumée et puis ceux qui en consomment, ils achètent le pastis, et puis on rentre sans oublier de faire le plein !! ». Et c’est un peu la punition, on refait le Vertice par son flan Sud-Est, dans le brouillard, on retrouve le fût qui n’a pas bougé, les Duster vers 17h quand même…
Ainsi furent faits ce jour de fin d’avril 2023, non pas 1, non pas 2, mais 3 Anayet(s) ! Certains pourront dire « j’ai pas vu grand-chose et surtout j’ai pas tout compris, ça s’en allait et puis d’un coup ça revenait mais j’y étais, c’était chaud, un truc de ouf comme du boomerang, un truc que tu peux
pas décrire, il faut le vivre, en plus bitumé ! ».
Merci au groupe pour sa patience, son écoute bienveillante, merci pour la leçon de maintien de piolet sur mon sac presque neuf (je crois que j’ai compris et vais évoluer de ce côté-là) et BRAVO à tous !
Merde, je l’ai fait non ? ! J’ai fait la rando prévue au programme ce dernier jour d’avril ! Quel pied, mais quel pied !
Antoine
les photos de Gene et Marie-Laure ici
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