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séjour Dolomites du 4 au 16 septembre 2022

Pour aller jusqu’aux Dolomites…
Dans son véhicule OMS, en ce dimanche 4 septembre et dès 8h, Jacot de Bosdarros fait le tour des popotes : Antoine conteur de l’histoire et puis aussi de Gan, Mylène et Kiki avec Guytou de Jurançon, Gene de Billère, et pour finir Nicole du loup de Pau. Une fine équipe en vérité, pour un projet Dolomite et non dynamite, bien concocté dans l’esprit avisé de Jean-Marie (lascar de Lescar) qui a adoubé le duo d’animation bien connu, la paire dynamique infernale des Pétos : Guytou et Kiki. Kiki, c’est le GPS, la trace, l’ordre, l’autorité et la sécurité, l’horaire, l’homme du jour et du soleil. Guytou, c’est tout le reste avec la pluie, l’approche commerciale et le charme. A eux deux la complémentarité absolue. En fait pour faire simple, Kiki travaille après le petit déjeuner jusqu’avant la première bière, et depuis la première bière jusqu’au petit déjeuner c’est Guytou. Et si je puis dire un truc : « c’est que ça marche, y a qu’à suivre, d’ailleurs ils se lèvent tous les 2 très tôt et moi qui n’ai pas l’habitude, je suis le dernier souvent…».
Pour tous ceux qui ne connaîtraient pas le contexte, les Dolomites, c’est un massif montagneux, on va dire 150 km au nord de Venise en Italie, un peu en dessous de l’Autriche, pas loin de l’Allemagne, proche de la Suisse, et donc à près de 1300km de Pau. Y aller en voiture constitue en soi une expédition non négligeable. Au volant, les 4 mâles Alpha précités se succèdent jusqu’au premier refuge de Villeneuve Loubet (BB Hôtel) banlieue Ouest de Nice. Et donc pour finir ce premier jour préalable, après 17h, différents « baguenaudages » sont organisés en bord de mer Méditerranée, mais les organisateurs ont oublié de recommander le maillot de bain, erreur non négligeable selon Jacot… Toutefois, la boisson vient à propos dans un petit restau où nous retrouverons pour la soirée un truculent serveur roumain. photos 04/09/2022

Pour ce lundi 5, nous revoici sur l’autoroute dominant le refuge du rocher Grimaldi, puis bientôt enfin l’Italie. Le relief bien tracassé abrite quantité de terrasses agencées en serres agricoles maraîchères. Très spectaculaire. Moins rigolo, un camion nous envoie les éclats de son pneumatique tout en continuant de rouler, ça tombe bien car kiki est au volant. Il lui aurait passé un savon du tonnerre, et il aurait dû s’en souvenir longtemps le type ! Nous aussi. Plus loin pour le casse-croûte du midi, on prend la tangente, un écart significatif suggéré, orchestré, par Jacot au bord du Lac de Garde. Magnifique, deuxième plus grand lac européen vers la petite ville de Lazise, mais le temps nous est compté, et bien que très prometteur, pas d’éparpillement, on ne peut pas visiter. On dépasse vite la ville de Trente (pas 30 km/h) pour toucher notre deuxième refuge dans une ville du nom de Bolzano ou Bozen. Ici je pose la plume : sachez un truc, dans ce pays les villes ont 1, 2, 3, 4 noms selon que vous les préfériez tendances italiennes, allemandes, autrichiennes, suissesses… Et moi, je suis très conformiste, je préfère les italiennes, donc toutes mes références de noms, de lieux, etc s’efforceront d’être italiennes (vivantes, brunes et souriantes, beaucoup de gestuelle et de charabia, ça met l’ambiance car je suis d’une nature plutôt calme et réservée…). A peine arrivé, notre duo d’animation est sur tous les fronts à la fois. 5 suiveurs tirent la langue à cause du rythme ; on mélange tout sauf Nicole qui retient le pkq 194, niveau -1, secteur E. Les animateurs ont fait le tour de force de trouver : le départ de notre car, notre refuge du soir et un garage sécurisé pour notre camion dans un rayon de 100m !!!??? Respect. Petit grain de sable pour Jack-hot qui n’aime pas du tout qu’une germaine nous saute le devant à l’auberge de jeunesse. Il baragouine l’allemand mais ça ne le fait pas. On essaie de le calmer, rien n’y fait : il veut toujours souvent être le premier. Bon en même temps, elle n’avait rien d’extraordinaire… Pour le consoler les animateurs l’emmènent à la première vraie bière italienne, pendant que je m’applique à encadrer les filles pour un tour de vieille ville qui risque fort de dériver en lèche-vitrine : piazza Municipio, piazza Walther, église, musée, théâtre… Belle ville. Avec tout son charme, Guytou a piqué à l’hôtesse de l’auberge de jeunesse sa meilleure adresse pour notre repas du soir. Résultat : une note moyen plus pour la pizza et très médiocre en profiteroles. photos 5/09/2022

Jour 1 
Pour rejoindre le vrai départ du trek, il faut se mettre dans le bon sens à la gare routière, être à l’heure, attendre l’heure, sortir le masque… En plus ce bus, il met sa destination au dernier moment, et moi avec mes petits moyens raisonnables, je l’aurais loupé. Mais on ne la fait pas aux animateurs des pétos ultra réactifs capables d’assumer tous les stress, de converser dans toutes les langues autochtones et nous voilà, après un revirement de dernières secondes, bien assis, véhiculés par une route passionnante entrecoupée de forêts, prairies fraîchement coupées, chalets comme sur des cartes postales françaises et tunnels noirs. Tout cela jusqu’au « Paso de Castalunga » où enfin nous prenons l’air pour marcher. Plusieurs choses pour le lecteur : d’abord, je suis incapable de décrire les paysages et je crois que les photos de Gene le feront bien mieux que moi qui les ai trouvé très beaux, ensuite, il nous est impossible de se perdre parce que Kiki mène à la dure son GPS (je le plains, le GPS, ses jours sont comptés, déjà que Kiki a fait fumer son micro…) et aussi parce que les chemins sont tous numérotés sur des pancartes et les cartes, et donc il suffit de donner les bons numéros de correspondances, comme au loto mais souvent en 3 chiffres. Par exemple la combinaison Jour 1 =548 + 541 + 550. Bon c’est vrai, j’aurais voulu tenter le 546 mais l’imprévu peut quelquefois gêner… Nous empruntons donc le « trekking della leggende », passons au refuge « Roda di Vael », le pas de la Zigolade, pour terminer le plus directement possible bien groupés au refuge Stella Alpina, plus hôtel que refuge. Bonne météo dans l’ensemble, un petit grain orageux au moment de la bière mais rien de bien gênant. Tout confort, chambres réduites, repas aux petits oignons. photos 06/09/2022

Jour 2
On a 3 heures de randos prévues jusqu’au refuge Principe. Après, c’est pas clair. Peut-être le « Pas da le Pope » ou le « Spiz da le Pope » aussi… Mais bon, on s’aperçoit vite qu’on va charrier nos lourds sacs toute la journée si on s’occupe du Pope et on a peut-être mieux à faire… Du coup après un petit coup de 546 pour atteindre le refuge Vajolet qui domine un éperon, et un gros coup de 584 dans la cafetière, le groupe arrive au refuge du soir à 11h du matin. Va comprendre ! On ne peut pas rester là et la suggestion approuvée collégialement sera cap au nord avec un coup de 11A qui nous embarque dans un pierrier bien du cru, pour finir avec le 3A sur un petit belvédère à proximité du « Paso da Molignon ». Le passage d’un talweg nécessite de vérifier la musculation de certains fessiers qui laissent des plumes… Le temps se gâte, on mange vite et on précipite un peu le retour, des fois qu’on se mouillerait. Mais Jacot veut faire un pic et je l’accompagne pour faire Le Cime (2695m), taupinière locale. Le temps se lèverait un peu et l’idée me germe d’enchaîner avec la via ferrata « Frantzen », histoire de prendre quelques marques pour l’avenir proche ou le futur lointain. On sort un attirail pas possible pour se rendre compte que Frantzen ne vaut même pas Orteig, et nous voilà vite en crête sur Laurentzisteig. On préférera retourner sur nos pas des fois qu’on se perdrait, on n’a pas le GPS. Au refuge impeccable, nous dormons sous les combles. photos 7/09/2022

Jour 3
Il pleut, il fait un peu froid, terrible car nous piaffons d’impatience pour nous mouiller, on est dehors avant tout le monde, toujours les français tirent les premiers. Il y a 13 km à faire pour rejoindre le refuge Sandro Pertini. Je m’y remets : un petit coup de 584 pour contourner le « Catinaccio d’Antermoia » sur le trekking delle leggende dans le val d’Antermoia, on arrive trempés, transpercés, au refuge du même nom et comme la pluie continue, on ne s’arrête pas pour se sécher car cela économise un séchage (pour ceux qui suivent). Après un petit coup de 580, à un moment donné, il devait y avoir différentes routes possibles : des longues et improbables sont écartées vite fait pour se focaliser à partir du « Paso Clarégole » sur la 578 très directe jusqu’à une piste salvatrice. Le GPS est formel. On va même dans les lacets boueux croiser d’autres randonneurs qui montent, preuve irréfutable de notre bonne fortune.  J’ai encore quelques messages globaux à faire passer pour bien comprendre les Dolomites. En général tous les refuges sont accessibles par des moyens mécaniques, le plus souvent une route, mais aussi des systèmes de monte-charge, les chemins sont souvent de bonne qualité. Du coup, on en trouve beaucoup au-dessus de 2000m avec des tailles conséquentes. A la piste nous faisons du 532 jusqu’au refuge Micheluzzi, environs 2km, plein d’autochtones bien habillés et protégés nous doublent, à pied, en vélo électrique… On s’arrête au refuge pour la station café du matin, manie qui va vite s’installer et demander à Mylène (promue es trésorière) de faire fonctionner notre « Masse » puisqu’elle a toute latitude pour lever l’impôt commun qui divise par 7 le nombre d’interfaces et multiplie par 7 notre efficacité de groupe. Quel bonheur de mettre un peu de sec, de se retrouver dans une ambiance chaude devant un chocolat délicieux. On a du mal à se sauver mais il faut persévérer, la pluie a cessé. Cette fois le GPS dit de continuer la piste mais il n’y a plus de N° !!!??? Je suis foutu, perdu. Et ça descend, descend jusqu’à 1630m. Et là, on retrouve à gauche un chemin pas numéroté sur la carte, un truc au dénivelé impressionnant qui avale 700m pour rejoindre nos quartiers du soir. Le groupe fait face comme toujours. Bravo à toutes et tous, j’ai calculé qu’on a au moins fait du 450 à l’heure, mieux que le TGV ? Vers 14h, bière (entre autres) et plats chauds régalent. Dans les dortoirs des sangles sont sorties pour tenter de sécher nos vêtements. Dehors, des chaises longues sont à discrétion et permettront une fin d’après-midi réparatrice. photos 8/09/2022

Jour 4
Attention, attention, ce matin les animateurs sont hyper vigilants : plus de droit à l’horreur, jusque-là c’était cool mais aujourd’hui, top sérieux : 3 prises de bus doivent s’enchaîner pour avancer vers d’autres massifs composant les Dolomites. Un truc de fou, des bus pas des chemins : prendre le 471 au Paso Sella, puis le 473 à Miramonti et enfin le 460 entre Corvara et Funtanaccia. Un casse-tête, il faut bien veiller à ne pas gaffer. On ne traîne pas : Ciao Pertini, un petit coup du « Friedrich August weg » sur le 557 et toujours sur le trekking delle leggende en passant par les refuges Friedrich August et Salei puis Valentini. A Salei, nos animateurs s’occupent d’un lion qu’ils ont sans doute confondu avec un ours… Un échelon de plus est atteint dans la richesse observée, rien n’est laissé au hasard, le monde parfait, la montagne dominée et totalement domestiquée. L’entreprise et le business gagnent, ici pas de risque d’ours, juste par exemple de grosses cylindrées rutilantes… Après une petite heure de marche, notre premier arrêt bus est identifié, repéré, investi, avec 40mn d’avance. Une course de vélo cyclo s’annonce et le spectacle des cadors qui passent devant nous nous ravit. Lorsque le bus arrive, nous sommes effarés de voir que la circulation routière dans les deux sens n’est même pas interrompue pour autant ! Débordé le chauffeur nous laisse monter sans rien demander à la Masse de Mylène… A l’arrêt de Miramonti, la correspondance s’effectue comme prévu et le groupe soupire car il n’y avait que 5 mn de correspondance. Moi je soupire plus que les autres car dans l’intervalle j’ai quand même pu faire pipi ! Bref, du coup à Corvara le timing à notre avantage permet de faire la pause « américano » du milieu de matinée ainsi que quelques courses pour compléter nos provisions. A l’attente du bus vers Fontanacia, la pluie s’invite à nouveau et quelques minutes plus tard nous profitons de l’arrêt de bus final pour casser la croûte à l’abri. Il faut encore gérer la météo pour un petit moment et le bar voisin fera l’affaire. Mais ce sont 600m de dénivelé avec 11A et 11 qui attendent, alors qu’enfin la pluie se calme. Le chemin très bien construit avec foultitudes de barrières et marches en bois, passe dans le creux de la gorge, se grimpe plutôt facilement dans une atmosphère sombre, brumeuse et humide. Avec une belle efficacité, le groupe avale la montée et rejoint le refuge du jour Gardenaccia. photos 9/09/2022

Jour 5
Dans ce massif de Gardenaccia, nous sommes venus juste faire une bise, une « touchette » au refuge, à peine montés hier, nous redescendons aujourd’hui pour aller vers un autre massif et gare, selon les différentes sources, il y aurait 21 ou 23km à faire et pas de bus ! Le glacier récemment très meurtrier de la Marmolada peut s’observer avec un bon zoom. Du refuge nous prenons 5 puis 5A pour terminer à travers les alpages bien tondus jusqu’à la ville de « La Villa Stern ». GPS revient en force, il faut traverser cette belle ville tout en trouvant le 12 qui nous conduit dans le val de Medesc. Belles forêts et magnifiques prairies rases s’enchaînent dans le « Grand Pré ». Le chemin large, très agréable, se termine au bas de la crête de « Rude Feri ». Du bas, on ne peut pas voir tous les lacets qui nous attendent, heureusement ! Progressivement, ils se découvrent après la traversée d’un immense pierrier. En fait, si l’on oublie le petit chaos de la traversée du déversoir glaciaire, la montée se passe plutôt bien. Un peu en contrebas du col de Medesc, à plus de 2500m, la halte déjeuner nous tend les bras. On était sur le dessert, juste avant le café, quand d’un seul coup d’air nous avons perdu une dizaine de degrés. Ce froid soudain nous renvoie illico sur le chemin, ce qui, somme toute nous convient bien, vu ce qu’il reste encore à faire et même si toutes les montées seraient maintenant pratiquement derrière nous. Malheureusement, nous voilà dans une espèce de désert du Larzac avec aux pieds du lapiaz, du lapiaz, du lapiaz. Un itinéraire très laborieux qui nous rappelle un peu les galères du pic d’Anie… Peu efficaces sur ce terrain, notre traversée vers le refuge « Fanes » dure et dure. Au bout d’un grand moment le chemin descend et peu à peu la végétation reprend le dessus, mais les lapiaz restent et ils requièrent toute notre vigilance. On a longtemps cru passer au refuge de
« Fanes » que l’on voyait depuis longtemps, eh bien non, dans un creux surprise on trouve « Lavarela ». Il reste 1h30 et un peu fourbu, le groupe décide qu’il a mérité de boire un coup ici. Dans le même temps, vu que l’orage menace, tous les autres s’enfuient, ils rentrent les fleurs, les parasols, ils se barricaderaient, mais contre toute attente, nous gardons notre self-control… De quoi pourrions-nous avoir peur ? De toute façon, il n’y a plus que nous. Avec le 7, la journée se termine sous la goretex ou la cape. Avant notre objectif, le Refuge de Pédérü, le « Valun de Fanes » se termine en entonnoir vertical très spectaculaire qui illustre une érosion très active. Le confort d’un vrai hôtel pour ce refuge, on prend ! photos 10/09/2022

Jour 6
Toujours aussi performants, bien groupés pour le petit dej, nous quittons Pédérü vers 8h pour une belle journée. Cap plein Est avec 7 et 7A. 7 est une route carrossable et bien bétonnée dès le début, 300m de dénivelé en 1,5 km, inutile de dire qu’avec un moteur à chevaux, il faut s’occuper de l’accélérateur avec de petits rapports. On longe un ravin bien boisé, la progression est agréable ; au fur et à mesure de la montée le soleil est rattrapé. Plus loin, fini la forêt, le « Plan de la Lasta » nous mène toujours par une route carrossable jusqu’au refuge de Sennes. Timing parfait pour l’américano du matin qui se passe en terrasse et en plein soleil. Mais ça se complique, sur la carte on donne 6A et 24 et 27… On garde 6A mais on perd la route, le chemin reste facile et très vite le refuge apparaît. En rejoignant la piste, on se moque bien de savoir que l’on perd 6A pour 6 et aussi 23. Le refuge Biella nous accueille à à peine plus de 11h… Ce refuge doit sa renommée au « Croda del Beco », éperon voisin qui culmine à 2810m, tel un pain de sucre. C’est un belvédère magnifique au cœur des Dolomites, il devient notre objectif. Décision, on y va avant de prendre le repas, sans charge. Un chemin improbable, genre cheminée sur le profil pleine arête, des mains courantes pour nous faire bien rire et un final débonnaire, mais quand même 500m de dénivelé ! Des sprinters se lâchent. On trouve ici du Géne épi aussi des jeunes béarnais de Baleix ! Et puis les mouflons grandes cornes que nous n’aurons pas beaucoup d’occasions d’admirer. De retour au refuge, le casse-croûte avalé, l’après-midi va traîner en longueur. Chacun s’occupe à sa manière : Nicole profite du soleil vers une taupinière voisine jusqu’à être portée disparue, avec Jacot nous tentons une sortie hasardeuse et chanceuse car couronnée de succès sur le « Remeda Rosses ». Le timing ne nous permet pas d’accéder au très célèbre Croda Rossa Pizora qui nous tendait les bras. On parlera de ce sommet demain, la journée bien pleine mérite un clap de fin : repos. photos 11/09/2022

Jour 7
Le menu ce matin : on part en 28 dans un chemin malaisé (type lapiaz), pour rejoindre toujours en 28 le fil de crète jusqu’à un col sous le « Forc Cocodain ».
Eh oui l’imprévu indésirable nous guette toujours. Gene a oublié sa goretex au refuge. Comme le téléphone mobile passe partout, on pourra retrouver «la jaquette » à l’hôtel des 3 Cimes dans quelques jours. C’est très difficile dans un contexte d’itinérance de ne rien perdre, de ne rien oublier. Il faut véritablement une rigueur à toute épreuve car cela arrive vite. Souvent, on peut corriger, trouver une solution et nous avons cette chance. Cela bouscule quand même nos prévisions pour les transferts du dernier jour et met sous pression nos animateurs, rugbymen adeptes du « pas de fautes pas de fautes pas de fautes » et qui se doivent de trouver des solutions à tout. Cool, cool. Tout va bien. Du col, de plein Est où nous étions, il faut réorienter plein nord en descendant toujours sur 28. Pas de route carrossable et donc chemin casse-pattes de lapiaz. Heureusement, 3 et 4 s’annoncent plein Est à nouveau et du coup, le terrain devient beaucoup plus soft, pastoral. Il se termine en piste et nous propose une page d’histoire avec ce réservoir de bombardier fièrement affiché en bordure. Bientôt nous arrivons à la très singulière « Rossalm Hutte ». Ici chaque élément de déco porte un sens, une philosophie, un bout de vie. Un banc, une chaise, une fronde géante, etc. Beaucoup d’humour exposé, très belle hutte for eat or drink only… Très bien, justement c’est l’heure de notre américano qui se convertit en boisson fraîche… On reparle du Croda Rossa Pizora, la montagne rouge qui nous accompagne depuis 3 et 4. Suite à un tremblement de terre en 2016, 1,6 millions de m3 se sont détachés. Une balafre de plusieurs dizaines de mètres de large sur 600m de de dénivelé fait désormais de ce sommet de 2856m un repère absolu et incontournable. L’éboulement a enseveli pour partie notre chemin et dorénavant, il faut le contourner. Ce que le groupe fait avant de se lancer vers sa première via ferrata (main courante) qui offre de très belles images, en plus il fait beau ! Après ce passage clé euphorique, finalement mangé sans la moindre alerte, le chemin reste aérien mais devient de plus en plus facile. On va profiter d’un plateau en observatoire vers le Pico di Valandro et tout le Val di Stolla pour faire la pause méridienne. Le Pico di Valandro fait envie sauf que avec 14km, la longueur de l’étape n’est déjà pas anodine… Après le déjeuner la descente s’amorce, très agréable mais avec de multiples rebonds, l’impression de fin et puis non, il faut relancer toujours relancer. On traverse un ravin, puis un autre et encore un dernier qui nous sort du bois et fait grimper l’alpage jusqu’au pied du refuge « Prato Piazza » que nous avons identifié depuis un grand moment. Guytou toujours aussi efficace nous trouve illico nos pénates pour la nuit. Une collation, puis quartier libre ! Certains viseront une promenade vers le refuge Valandro et le début de notre itinéraire de demain, d’autres escaladeront furieusement les 800m des 2 Z du Pico di Valandro 2839m. Tout va bien. photos 12/09/2022

Jour 8
Aujourd’hui, on parle 3 Cimes, un peu le graal des Dolomites. Oui, nous les avons repérés depuis plusieurs jours ces 3 ou 4 pitons qui exacerbent notre  curiosité, mais on va les voir de près. En attendant, 40, 40-40A, 40A puis 34 (Alta via dolomita N°3). Notre route emprunte le vallon « Helltal Val Chiara » plein nord avant d’enrouler le Mont « Specie », et quand elle repart vers l’Est, elle devient aérienne, passe en falaises conquises par de nouvelles mains courantes et même un tunnel creusé dans le rocher. Pas de limites pour faire passer un chemin suspendu. Après ce moment de conquête, le 34 évolue en Sud-Est vers le « Valle di Landro » et l’Hôtel des 3 Cimes. Descente longue mais très beau chemin bien entretenu comme souvent dans ce pays. Juste avant l’hôtel, on traverse un site d’escalade remarquable en tous points avec plusieurs voies en dévers équipées de dégaines. Spectaculaire. L’hôtel matérialise le point d’entrée de la boucle autour des « 3 Cime di Lavaredo » que nous allons entamer et réaliser sur 3 jours, ultime objectif de nos Dolomites, notre dessert. Halte américano et aussi repérage anticipé de l’arrêt de bus et de ses horaires par notre duo d’animateurs qui ne laisse vraiment absolument rien au hasard : ici le bus nous sortira du massif, ici finiront nos Dolomites. Mais n’anticipons pas, vivons pleinement le présent, la petite colonne reformée repart déjà avec du 102 dans une piste très large et très courue. On avance vite, le groupe semble totalement stimulé, Nicole mène grand train, la météo toujours magnifique accompagne. On profite d’un bord de torrent accessible pour faire la pause déjeuner. En sortant de la couverture conifère, il reste quelques lacets pour rejoindre le « Pian da Rin ». Pause. Spectacle. « Cima Grande » la plus haute touche les 3000 (3003m), celle du milieu. « Cima Ovest », face à nous, à droite, à peine plus petite, revendique 2973m. Il y a aussi « Cima Piccola » à gauche 2857m et encore la « Punta di Frida » 2785m et « Picolissima » 2700m, en allant toujours à gauche. Nous voyons et devinons les chemins parsemés de colonnes de randonneurs. Sur le green du plateau, Guytou s’essaie à un peu de golf, son bâton inversé devient Tee, son swing traduit un certain savoir-faire… Revenons à nos moutons, nous n’apercevons pas encore le refuge Locatelli bien caché derrière des contreforts à notre gauche, tout juste nous pouvons imaginer l’itinéraire. Au fur et à mesure de la montée l’animation sur le chemin s’intensifie. Quelques lacets encore, des passages totalement artificiels et le refuge s’offre, énorme, splendide, une véritable usine. A l’extérieur du refuge, je dénombre 40 tables de 8 ou 10. Pour servir les boissons, ils ont déporté une cabane à l’extérieur en point d’appui. Tout doit être démesuré, et pourtant on a aussi une impression étrange de tranquillité, de maîtrise totale. Le cadre n’est pas étranger à cette paix qui gagne comme une allégresse générale. De tous côtés le spectacle est royal. On va sympathiser avec un jeune couple de béarnais (Sauvagnon) venu faire ici, entre autres, une photo depuis un spot dans une caverne artificielle au-dessus du refuge. Très malicieux (malicieuse surtout), ils ont prévu un bivouac hors la loi vers le « Plan di Cengia ». Ah, la jeunesse ! Le temps nous est compté car la journée s’avance. Chacun vaque à ses occupations dans sa petite organisation désormais rôdée. Je me suis mis en tête de tout voir de haut et ruée vers le « Sasso di Sesto » (2539m) qui domine le refuge. Petite balade rapide. Au retour, par curiosité, je passe par le spot de nos jeunes béarnais et les retrouve dans la grotte. Trépied posé, angle de vue, lumière parfaite, ils exultent. Leur bonheur. Photos. Il y a de la magie pour l’esprit en réalisant une volonté, c’est ce qu’ils transpirent. Je m’échappe mais ne manque pas de rapporter ma trouvaille au groupe. Gene tilte très vite mais le repas nous attend… Par manque d’autorité sur le groupe, on ne saura pas
échapper à la terrible contrainte du ventre et de l’horaire. A son grand dam, comme une consolation, nous décidons de faire le spot après… La lumière sera un peu partie et la nuit nous gagnera, mais la communion de groupe s’exprime totalement ce soir. On prévoit de revenir à la lumière du matin, avant de partir, demain. Pour Gene, la fausse perte de la télécommande de l’appareil photo va finir d’animer la soirée. Perdue pour perdue, elle se retrouve dans sa sacoche au moment de se coucher. Tout va bien. photos 13/09/2022

Jour 9
Brouillard prévisible, brouillard tueur de spot. Adieu veaux vaches cochons et photos ! Kiki fait remarquer que nous laissons aussi la visite de la « Galleria del Paterno » et peut être faut-il rajouter le Mont « Paterno » également… Oui, il y a de quoi s’émerveiller pendant plusieurs jours ici sans véritablement trouver le temps long. On descend alors que 3 ouvriers travaillent à restaurer le chemin. Leur camion stationne juste en contrebas. Le 102 devient une piste carrossable en balcon, liaison entre les refuges Locatelli et Lavaredo, respectivement 2405m et 2344m !! De Lavaredo on plonge sur le versant sud du massif des 3 Cimes et on accède avec 101 au refuge Auronzo. La route bitumée peut vous amener jusqu’ici à 2320m et apparemment le parking se remplit vite. Nous découvrirons plus tard qu’il est géré par un péage : 30€ par jour pour un VL et 20 pour une moto. Le brouillard se lève un peu mais ce n’est pas grand beau… Tourisme de masse bien canalisé. On esquive cette gifle de modernité en descendant rapidement vers le 101, chemin qui coupe les lacets de la route. Belle traversée dans les bois, beaucoup de champignons mais un peu avant de sortir au « Pedaggio Maut », une vraie frayeur et fausse alerte lance le groupe dans la recherche de mon mobile resté dans le soufflet du sac… On se calme ! Au péage, un bouchon de plusieurs centaines de mètres, il faut attendre qu’une voiture descende pour en laisser passer une. Très vite nous rejoignons le « Lago de Antorno ». Pause déjeuner, à côté de nous 2 motards suisses (père et fils) avec qui nous échangeons (surtout avec le père). 200 km d’autonomie seulement sur leurs machines… Plus tard le chemin coupe à travers bois sans trop descendre. C’est une traverse pour rejoindre le 122 et la route qui mène directement au refuge Bosi. Le temps se couvre encore et sur cet itinéraire chacun donne le maximum pour éviter la pluie. Quelques 4X4 nous croisent : il s’agit d’excursionnistes venus pour rendre hommage au « Monte Piana ». On arrive vite au refuge mais quelle montée ! Le refuge abrite un musée sur des hauts faits de guerre vécus ici lors de la 1 ère guerre mondiale. Angelo Bosi était un général italien mort sur cette montagne. photos 14/09/2022

Jour 10
Un temps un peu British, du crachin et un peu de froid pour débuter cette journée. Suite à la reconnaissance faite la veille, Kiki me passe les clés du camion pour conduire la troupe. De fait il y a juste à suivre une large piste qui mène non seulement au Monte Piana (plat), mais au Monte Piano. Ces 2 monts d’altitudes comparables sont séparés par un col appelé « Forcella dei castrali ». Ce col correspond à la frontière qui séparait autrefois la république de Venise et l’empire d’Autriche. Piano est austro-hongrois, Piana est italien, et pendant la 1 ère guerre mondiale 14000 soldats italiens et 14000 austro-hongrois y perdirent la vie dans un affrontement sans véritable vainqueur. Aujourd’hui, traverser ces 2 monts, c’est traverser un musée à ciel ouvert avec des oratoires, des croix, des hommages désuets. Dans ce Verdun local, les tranchées dans le rocher, les gouffres de grenades et d’obus se succèdent, pour nous d’abord du côté italien et ensuite du côté austro-hongrois. Ici les soldats vécurent l’inimaginable. Le silence s’impose. On quitte les monts plein nord en commençant notre descente vers le lac de Landro par le sentier historique N°6, côté austro-hongrois. La falaise impose plusieurs passages avec des mains courantes, des grottes voisines ont été aménagées par les militaires ; sur le fil d’une croupe, un cimetière militaire jouxte le chemin. Le vide semble partout autour de nous, dérapage interdit, concentration maximale. Il n’y a pas de véritable difficulté technique, juste à gérer un environnement de falaises. Un passage nécessite désescalade et gestion d’un pas au-dessus du vide. Au fur et à mesure de la descente, les difficultés s’estompent, la pluie aussi. A l’approche du lac, les cris d’enfants d’une colonie nous ravivent. Guytou surveille notre progression en fonction des horaires de bus. C’est qu’il faut enchaîner bus 444 et train avec un changement pour revenir à Bolzano. On arrive face à l’hôtel des 3 Cimes, 10mn avant le bus de 11h36… Juste le temps de récupérer la « jaquette » de Gene et en quelques minutes nous arrivons à la gare de Dobbiaco. Un peu justes pour le train de 11h51, ce sera 1h plus tard. On se restaure au bar qui jouxte la gare. Après 1h de train plein ouest, notre correspondance de Frantzensfeste Fortessa s’effectuera sans encombre et désormais le nouveau train nous mène plein sud vers Bolzano. Un peu après 15h, nous voilà à notre camion. Jacot reprend les commandes. On file vers Trento pour trouver notre gîte prévu chez un vigneron local dans le village de Ponte Alto. L’accueil très chaleureux de la vigneronne du domaine Furlani nous précipite en guise d’apéritif vers la dégustation de sa production : vin blanc, rouge et pétillant. Pour rejoindre à pied le restaurant voisin, le tonnerre nous accompagne, il ne nous lâchera plus de la soirée. photos 15/09/2022

Retour en Béarn
Retour vendredi 16/09 : après un excellent petit déjeuner et quelques prises (production vignes locales), nous quittons le domaine Furlani vers 7h20. Le retour s’effectue sans encombre malgré un petit bouchon à la sortie de Toulouse. Peu après 22h chacun retrouve sa chaumière…

Un grand merci à Jean-Marie pour son impulsion préalable et tout son travail de fond dans un contexte de difficultés pour le meilleur confort de tous ; la reprise au vol par Guy et Christian pour lever la moindre incertitude de l’organisation ou de l’itinéraire a été sans faille et ils ont beaucoup donné, « payé », de leur personne jour après jour. Un grand BRAVO et une grande REUSSITE pour eux.

Antoine (ses photos ont été ajoutées)

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