« Ça se tente » avait dit Jacques en étudiant la météo mercredi après-midi, optimisme réconfortant de rigueur malgré les annonces pluvieuses…Tout ce qui suit découle de là…Et nous voilà 5 au rdv de Gan à 6h du matin un peu dubitatifs ? La récente équipée du Palas au complet et un invité surprise en la personne de mon rejeton Etienne qui passe en Béarn pour quelques jours de congés…Gare ! Montagnes au menu…
Au Soulor, tout paraît bien calme, juste un peu frais, le jour se lève, faible activation nuageuse. Le sommet nous domine déjà, déjà à vue ! La prairie verte et rase, une pelouse, très confortable, nous amène par des sentes marquées sous le contrefort dit de « Pourgue ». Pas de brume pour nous, tout est limpide, la navigation ne souffre pas.
Un troupeau de plusieurs centaines de moutons croise notre chemin, les inévitables Patous qui veillaient en hauteur fondent sur nous. « Gentil, gentil…». Ils nous flairent, le museau dans le sac, Jacques (maître de chiens) sacrifie un gâteau…Pour les béarnais, si Paris vaut bien une messe, les Patous valent bien un gâteau, non ? Très vite, les deux canidés sont devenus nos copains et nous accompagnent, reconnaissants, nous ouvrent la route comme deux motards, des amours de toutous qui ne font plus peur ni à Jackie, ni à Sylvie, conquises pour cette fois seulement.
Bientôt le profil de crêtes de croc légendaire sera atteint, et le tapis vert laisse la place au revêtement caillouteux peu agressif. Nous entamons le côté Est de la crête de Bassiarey qui monte régulièrement pendant 1 km. Ensuite la pente devient de plus en plus conséquente, la roche schisteuse partout présente ses profils taillants, fuyants. On va s’y frotter, c’est sûr, mais notre invité du jour souffre un peu du genou (cause empilages montagnards un peu violents du paternel) et préfère renoncer juste avant l’abordage pour ne pas peser. Retour sage et pastoral programmé, nous le retrouverons tout à l’heure au Soulor.
Le choix de l’encordement fait, ce terrain vraiment malaisé vaut une progression difficile, les véritables bonnes accroches sont rares, sauf à passer sur le fil de l’arête : un maximum de vigilance nécessaire, laborieux. D’autant que les meilleures options ne seront pas toujours prises…Désormais les quatre « Palassiens » contournent un « bitard », petit pain de sucre, pleine crête et une cheminée étroite se propose, une aubaine. Un dernier mur arrive, il sera pris par la droite, en inversant la cordée, les derniers seront les premiers.
L’arrivée au sommet termine l’escalade et soulage bien le groupe qui reprend un peu ses esprits. Mais des nappes de brouillards menaçantes viennent nous chercher et rappellent le timing serré des prévisions météo.11h35. On ne traîne pas.
Sans véritable temps de repos, la descente s’organise. Le vécu de mes expériences de 2007 et 2014, lorsque le brouillard nous avait cueillis au sommet pour des retours aveugles, provoque mon empressement, il s’agit de garder le bénéfice de la meilleure visibilité. Toujours sur la corde, orientation nord (on n’a pas bien le choix sur la direction à prendre…), en descente, la progression devient facile. Le passage dit « de la dalle » ne nous impressionne pas, large et bien strié, on y progresse vite et avec assurance. Un prolongement de crêtes, le contournement d’un pilier et le col naturel, austère mais confortable, la brèche Edouard, mythique. Elle culmine une cheminée facile qui descend dans la muraille d’une façon invraisemblable. L’environnement dantesque de beauté sauvage minérale laisse bouche-bée. Tout le matériel d’escalade devient inutile, on reprend les bâtons…Après la cheminée un terrain rocheux intermédiaire suit la canole et demande beaucoup d’application avant d’atteindre le haut du cône déversoir d’un grand pierrier sous le col, au bout de la crête des Taillandes Blanques. Repos, repas, bien mérités.
Le soleil a gagné la bataille de la météo, « que des bonnes nouvelles » et la vue sur la cabane de Larue et notre retour, bien nette, fait fi de toutes les appréhensions d’orientation, y compris les miennes. Un rêve, le succès total du « ça se tente ». Jacques euphorique mène le bal dans la descente rapide et efficace sous la Petite Pene Medaa dans le ravin d’Arriou. Avant de sortir un peu après le second tunnel sur la route du Soulor, un passage en forêt se gère sagement pour éviter « toute chute pas fatale ». Il est 15h30, nous sortons sur la D918, records battus ! C’est bien la première fois que je rentre si tôt de la traversée du Petit Gabizos !!
Et oui, il reste les 2,5km de route pour rejoindre la voiture et nous retrouver à 5 autour d’un verre avec un « pape des abeilles » au cœur. Un grand bravo au groupe pour sa pugnacité et sa confiance précieuse. Et pour Etienne, la promesse d’un futur rendez-vous avec ce sommet, la montagne reste, on reviendra.
NB : à lire les cartes ou topos, on laisse vivre les dénominations « Petit » et « Grand » Gabizos pour 2 sommets que rien ne rassemble tant ils sont différents. Or le « Grand » Gabizos porte aussi le nom plus juste de Pic des Taillades, ce qui laisse le terrain libre pour dénommer le « Petit » Gabizos tout simplement « Pic de Gabizos ». Ce serait plus juste et mérité, plus clair aussi car les amalgames sur « Gabizos » provoquent quelques larsens qui bourdonnent souvent aux oreilles de ceux qui souhaitent un zeste de vérité.
Antoine
Les photos de Jackie, Sylvie et Etienne ici
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