Normalement pour aller sur le plateau de Sauladate, il suffit de suivre une bonne piste puis un chemin balisé jaune. Souvent le diable se cache dans les détails et c’est encore le cas ce matin. Les 2 voitures chargées à 7 quittent peu après Lourdios la route du col d’Ichère, juste après l’intersection « ratée » qui mène vers le « Tos de la Coustette » ; elles préfèrent « s’enquiller » sur la piste qui mène à la ferme de Héouca aujourd’hui en ruines. Chacun connaît l’entêtement féroce du trait de caractère catalan qui même conscient de l’erreur a bien du mal à revenir en arrière, il faudrait pouvoir tourner… Il reste donc à faire de ce point atypique notre départ.
Dans cette jungle du pastoralisme local, plus d’une haie se trouve doublée de barrières de barbelés et nous devrons jongler avec dans toutes les étapes de la journée. Après avoir franchi 2 premiers barrages, en pleine pente et un peu en terrain d’aventures, un itinéraire inédit sera dessiné sous la crête de Sauladate. Quelques lacets pour absorber 300m de dénivelé et arriver au point Ouest de la crête où l’itinéraire prévu est enfin rejoint dans la neige fraîche. Météo splendide, belle vue entre autres sur l’Arlas et la station de La Pierre St Martin, les crêtes de l’Ourlenotte et aussi les innombrables fermes et pâtures des alentours de Lourdios. Le Saraillé se rapproche vite et son profil Nord-Ouest enneigé paraît bien pentu… Ce matin, nous avons choisi de ne pas partir avec les raquettes et le taux d’humidité de nos pieds va le payer un peu, malgré tout compte tenu de la diversité des terrains pour la journée au final la décision ne se discute pas…
Grimper au Saraillé ne pose finalement pas de difficultés, il y a un long passage en rochers un peu aérien et de bons repères. Même pas 11h et déjà le sommet du jour, certains redoutent de s’ennuyer… Il faut apporter un soutien psychologique, rassurer et commencer à évoquer Le Trône du roi… ce qui pourrait avoir l’effet inverse pour d’autres, question d’équilibre ? La face Sud-Ouest de ce second sommet ne paraît pas très évidente mais chaque chose en son temps et d’abord rejoindre le col de Launde dans ce qui aurait pu être une nouvelle pente forte de prairies herbeuses et qui devient avec la neige fondante une bonne patinoire avec quelques couloirs au tapis neigeux plus épais. Pour descendre, orientation crampons jusqu’au col, option qui permet de retrouver le groupe encore bien fringant en bas… Pour la montée du versant Sud du Trône, quelques repères visuels nous amènent à dépasser un dernier grand arbre et nous poussent jusque sous une petite barre malaisée à traverser dans les conditions du jour. A deux doigts de renoncer, en tâtonnant vers la gauche, la barre sera franchie et même des cairns trouvés ! Ce chemin suit une rampe très pentue, effectue des rebonds avec d’inévitables antécimes, autant de fausses joies. Finalement on s’arrête de monter sur un plat où le cairn sommital attend pour assurer enfin la pause déjeuner.
La suite, loin d’être écrite, nous amène pour le retour sur la voie normale de ce sommet, toujours plus à l’Est, ce qui nous éloigne encore de notre improbable parking du jour… Gare aux chutes ! Au parking de « Bordenouve de Pelut » – départ de la voie normale du sommet – le groupe retrouve une bonne piste qui sera gérée au plus haut pour rejoindre la rive gauche du ruisseau de Bosdapous et finalement revenir sur le col de Launde, dans une progression du groupe toujours redoutablement efficace… non sans traverser quelques enclaves pastorales que nous laissons derrière nous bien fermées. Reste à rejoindre la crête de Sauladate et retrouver une bonne solution pour descendre la prairie. Plusieurs échecs car la pente et le terrain boueux altèrent les ardeurs mais ce sera chose faite toujours plus à l’Ouest de la crête en traversant une zone d’écobuage récent qui se révèle particulièrement confortable ; la gestion précise de l’altimètre et du GPS de Philippe permet de bien limiter les dernières tribulations de la journée.
Une bien belle journée assurément. Un grand merci au groupe bien motivé. Un pot de clôture à Oloron dans lequel Jean-Marie baptise sa torpédo et Nicole nous régale de crêpes.
Antoine
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