La Dent de Socques, bien connue des skieurs de rando pour sa longue pente très brutale côté français (plus de 600m de dénivelé d’un seul tenant), constitue une course très prisée mais malaisée. Souvent les conditions rendent difficiles l’accès car l’important névé sommital reste un obstacle déterminant. On peut détailler la Dent et cet itinéraire depuis la route du Pourtalet le long du lac de Fabrèges. Mais une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, l’histoire s’écrit côté espagnol et requiert un engagement beaucoup plus abordable.
En partant du lac de la Sarra, nous quittons l’itinéraire très fréquenté du refuge de Respumoso à l’embranchement qui signale le col de Sobe. Le chemin longe alors le barranco Garmo Négro et après un amoncellement avalancheux d’arbres déchiquetés, une montée de 200m nous amène comme dans un cirque-prairie au sud du pic d’Ariel. Nous laissons alors à droite la voie vers l’Ariel pour créer une route, notre route, à gauche du barranco et un peu beaucoup à l’arrache dans l’herbe avec un dénivelé plutôt conséquent. Cela dure un moment un peu pénible mais le dernier mur franchi, la crête de la Punta de Moncalbos devient toute proche, et, « cerise sur le gâteau », enfin des cairns réguliers conduisent le final ! La Dent de Socques, brillante, grossit à vue d’œil.
A la grande cohésion du trio du jour s’ajoute une météo très généreuse et lorsque nous repassons la frontière, c’est seulement pour venir chercher sur la Dent blanche le premier cairn qui ouvre vers le sommet investi sans la moindre difficulté. Ici, nous validons le choix du jour puisque côté français, c’est la soupe aux nuages… Sans trop tarder on quitte la Dent pour le Pic. Mais la transition sur la ligne de frontière entre les 2 s’avère un peu pointue ; on passe en haut du couloir impressionnant pour enrouler 2 sortes de « pains de sucre » qui réclament la grosse vigilance du jour. La masse du Pic s’offre alors à nous avec un dernier bout de crêtes plutôt ludique. Un des nombreux questionnements du repas qui suit – toujours aussi bien accompagné – constitue l’histoire inévitable de l’élégant retour… qui fait l’unanimité compte tenu de l’épaisseur des expériences cumulées présentes. La crête sera donc poursuivie au nord vers le col de Socques et avant ce promontoire sauvage qu’est la Punta o Tejau nous prendrons plein Est et pleine pente en quittant notre fil conducteur frontalier pour rejoindre le barranco Garmo Negro. Bientôt le groupe retrouve l’itinéraire de montée, prélude à l’épilogue de cette belle journée de montagne.
Antoine
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