Traversée du Tozal de Guara
Le gardien du refuge de San Urbez explique les différents itinéraires avec les noms des lieux locaux et 23 paires d’oreilles attentives essaient de suivre… Après tout, le principal est que la grosse demi- douzaine d’accompagnateurs de la section aient compris ; l’expertise précédente et donc complémentaire du « barranco dera pillera », les convaincra qu’il vaut mieux attaquer le Tozal par l’itinéraire du refuge de Petreñales pour finir les pieds dans l’eau dans le barranco. Moins de dénivelé, et la partie aquatique en fin de parcours plutôt qu’au début. On peut passer à table, on ira positionner une voiture ensuite pour la navette des chauffeurs. L’essentiel est déjà fait, souvent une course se gagne aussi la veille.
Ce 11 novembre, le petit déjeuner copieux fait suite à une nuit d’averses. Dehors, dès que les nuages s’écartent, une surprise : de la neige sur le Tozal !
Avec nous, une nouvelle recrue, Dominique, qui se montrera montagnarde aguerrie, très à l’aise toute la journée. Avec nous, Daniel, fidèle malgré ces derniers jours tristes et difficiles pour lui. Sa présence nous réjouit. Avec nous, Pierrette, qui mieux que d’autres porte haut les couleurs des montagnes espagnoles dont elle est une inconditionnelle. Elle sait bien qu’aujourd’hui, ce ne sera pas simple, mais la passion guide.
A peine 8 heures, on quitte San Urbez vers Bentué et le GPS de Christian conduit la troupe… pour peu que son maître lui laisse le temps de traiter tous les calculs. Le chemin splendide est aussi un itinéraire VTT sauvage, fait de terrasses de roches qui alternent avec certains coussins de belle-mère, entre autres épineux. Le hameau de Bentué est magnifique, le style local de maisons en pierres gris marron dans une organisation évidente et élégante, paysage de cinéma. Sur ce terrain, la progression reste ardue, le GPS fume un peu de moquette et on doit presque s’en affranchir pour passer en force au col de La Paul. Après la fontaine du même nom, enfin, on grimpe ! Des buis, du gravier blanc, la pente pour rejoindre une piste qui contourne à plat « la Punta occidentale de los Fenales ». Le refuge de Petreñales arrive, un peu écaillé d’extérieur, bien propret à l’intérieur, il propose 13 places.
Dans « l’Abetosa », la forêt nous protège, on monte vers la neige dans une pente d’abord très relevée. Le soleil sourit, la neige saupoudrée magnifie les arbres. Au sortir du bois, une lumière chaude nous envahit. Il reste 20mn pour atteindre la ligne de crête finale, sous la « Punta Este ». La sente évidente devient moins abrupte et facilite un rythme soutenu. Dans ce final, sur un terrain pelé, le groupe largement étiré se partage ; les premiers sont au sommet dès midi. Depuis le Visaurin, sa majesté Colorada jusqu’au Tres Sorores, tous sont fraîchement couverts. Côté sud, la plaine ne se livre pas, le plafond nuageux menace. Un peu de vent et de froid s’invitent au repas qui ne traînera pas malgré les prolongations de Grappa.
Dans ce début de retour, le groupe tâtonne sur la crête Ouest du Tozal et s’étale largement au « raso de los hongos ». La forêt donne toujours autant de buis ; deux rebonds successifs « Collado de Petreñales » et « Collado Chemelosas » passent sans difficultés. Les vautours nous guettent, compléments sinistres et inquiétants du rocher de la « Malata Ferrer ». Le retour dure un peu mais le chemin confortable nous conduit vers le Barranco. Un dernier croisement, ultime regroupement des 23 et nous voilà au fond de la gorge. Le premier gué sert de test et l’approche paraît encore timide… Effectivement chacun cherche la meilleure solution pour passer : des poches en plastique pour protéger les chaussures, la recherche des meilleurs appuis avec plus ou moins d’habileté… la solution radicale consistant à marcher dans l’eau. Gisèle hésite sur les pierres qui affleurent, glisse et tombe en faisant un plat presque parfait. Une pommette ouverte, un peu de sang. Rien de grave et pas trop de place pour la gamberge, on ne s’arrête plus. Les gués se suivent. 3 groupes se forment et plocs plocs en cadence jusqu’à la sortie du barranco. Ouf ! C’est terminé. Pas banale, cette sortie ! La section vient d’être qualifiée « club amphibien ». Une navette de voitures plus tard tout le groupe se sèche.
Le retour vers PAU nous réservera un épilogue beaucoup moins glorieux et la surprise de la dispersion des autos qui amène la sanction du sacrifice au pot d’après. La faute lourde au conducteur de voiture de tête peu vigilant, et après le kkfouillage, la kkphonie s’ensuit. « Mais c’est pas grave. »
antoine
merci a gene et phil pour les photos
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