Ce sommet très sauvage campe au centre d’une chaîne Nord-Sud coincée entre la vallée du Lutour et celle de Gèdre-Gavarnie. Sur cette chaîne, ces voisins Nord s’appellent Soum des Agudes, le renommé Pic d’Ardiden, Pic de Chanchou, au Sud les voisins Malh Arrouy, Soum d’Aspé, Pic sud d’Aspé, Pic de la Badète, la longue liste remet des images de courses épiques durement gagnées ou perdues aussi. On peut accéder au Cestrède soit par la vallée de Gèdre et les granges de Bué (itinéraire prisé par les skieurs de rando), soit par le côté Cauterets, la vallée du Lutour et la Fruitière. Aujourd’hui, cette seconde option sera choisie et le quatuor parti à l’abordage ne pourra que s’en féliciter quand sous le sommet, entre la crête de Culaus et celle des aiguilles d’Aygues Nègre (qui protègent le lac Noir), un spectacle exceptionnel s’offre : une colonie de bouquetins des Pyrénées traverse le vallon. Une ribambelle de jeunes de l’année en file indienne que suit un adulte avec une seule corne…
Dire que la journée fut une promenade de santé serait bien un euphémisme. Un rythme soutenu nous conduit depuis la Fruitière, jusqu’au refuge Russel (plusieurs personnes y bivouaquent) puis on quitte l’itinéraire pour l’Ardiden par un chemin complexe mais bien cairné dans le cirque des Culaus, ou, quelques traversée de pierriers réservent les mêmes surprises que le très exigeant vallon voisin de Hount Hérède par lequel un retour élégant semblait envisageable… surtout sur le papier… et hier… Du col de Culaus, s’enchaîne une crête qui se complexifie au fur et à mesure… Les cairns nous mènent en contrebas côté ouest jusqu’à rejoindre un antécime de partage des crêtes. Il reste le dernier dôme qui porte encore quelques névés et des passages toujours aussi scabreux et exigeants.
Le sommet arrive enfin pour soulager le groupe qui a bien donné tout son meilleur jus depuis bientôt 4h. Du Cestrède, on reconnaît les sommets du cirque de Gavarnie, la Brèche, le Cylindre et le Mont Perdu sont dans les nuages, le couloir swan qui porte encore un trait de névés, le Piméné triangle noir parfait, puis viennent les crêtes d’Estaubé et deTromouse ponctuées par le Gerbats à la forme caractéristique et la Gela qui porte un collier de névés blanc et régulier. Du côté du Vignemale, pourtant plus proche, l’horizon bouché laisse seulement entrevoir le glacier enneigé.
Le retour se fera a minima (par le même chemin qui s’annonce déjà assez compliqué compte tenu des strates de cumulus qui s’accumulent). Après une petite sieste quand même, la descente prudente s’engage vers le col de Culaus et son cirque. La pluie nous attrape sans surprise à la halte du refuge Russel, elle nous prend à la gorge et serre pour ne plus nous lâcher jusqu’à la Fruitière.
Merci et bravo à Nicole, Claude et Jacques pour leur engagement.
Les photos de Claude et d’Antoine par ici
Antoine
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