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PICOS de EUROPA Massif Central ou Macizo de los Urrieles

LES PHOTOS DU NARANJO SONT ARRIVEES !!!… (lien “les photos jour 2 de Javier“)

Après la découverte du minier Massif Oriental ou Macizo de Andara en novembre 2014 et avant le futur Massif Occidental ou Macizo del Corion, nous partons 13 pour la découverte et la conquête du Macizo de los Urrieles, assurément le plus mythique des 3 mais pas encore forcément le plus beau comme tenait à le souligner l’alpiniste Javier Sant qui, du sommet du Najanjo de Bulnes affiche sa préférence inconditionnelle pour le sauvage Macizo del Corion. Et ça tombe bien pour nous puisque « le Corion » sera conjugué au futur. Il faut toujours des projets.

 

J1 – Torre de los Horcados Rojos 2502m

Partis depuis 5h de PAU, nous réalisons un timing voiture parfait en tous points pour rejoindre Fuente Dé avant 11h30. Là nous attend une inattendue longue file touristique pour prendre « Le Téléférico » pour El Cable qui doit avaler, pour nous, en 3mn quelques 753m de dénivelé. Las, l’organisateur un peu naif n’a pas mesuré l’engouement local pour cette excursion et, en ce samedi de début octobre une file conséquente (200m) pénalise lourdement notre journée. Fuente Dé se situe dans un cirque à 2 étages, un peu comme un petit Gavarnie. Très spectaculaire ce décor de falaises calcaires dans lequel évolue une cabine calibrée pour 20 personnes qui nous livre vers presque 13h30. Beaucoup de touristes à l’arrivée, restaurant panoramique, magasins souvenirs… Pas encore délivrés de la société de consommation, nous nous écartons un petit peu de cette agitation pour déjeuner sur un petit promontoire (à l’abri du vent ?) en entamant le bout de piste qui nous conduira au col de Los Horcados Rojos. La piste nous mène jusqu’au cirque de « Hoyo sin Tierra » (trou sans terre…) et s’ensuit un chemin de rocaille demandant la plus grande vigilance. Au croisement de la cabane Véronica qui ressemble plutôt à un relais hertzien qu’à un refuge, le timing pour le sommet du jour s’annonce juste mais pas de renoncement. Quelques-uns s’arrêteront au col, pour les autres, un changement de rythme fort, l’abandon de la charge et 200m de dénivelé avalés. Une entame laborieuse mais une montée finalement aisée et au bout un sommet pluriel avec de beaux horizons sur les sommets voisins et notre itinéraire. Pourtant déjà, le ciel se charge, le groupe ne lambine pas. Pour ceux qui sont restés au col, Guy a pris l’initiative judicieuse d’entamer la descente sur un terrain rappelant le passage d’Orteig mais au vertical. Ce passage technique est la seconde surprise de la journée… Avec précautions, les difficultés se contournent et le souci impérieux d’éviter les chutes de pierre devient désormais une constante.  Une demi-heure de descente et la fin des « mains courantes caoutchoutées » arrive à l’entame du « Hou de los Boches », petit cirque à gauche que le chemin tangente. Une pause rapide, les nuages imprègnent désormais la suite de la journée. Les contournements de bosses deviennent « paumatoires », heureusement la maîtrise du GPS de Christian tue le moindre doute dans l’œuf mais on ne voit pas grand-chose et l’humidité se pose partout. Des creux, des bosses, des contournements, une suite inattendue parce que la vision d’ensemble nous manque. La fin de journée devient un peu sombre…

Une musique irréelle de cornemuse confirme l’arrivée au refuge bien annoncée par le GPS ; un certain soulagement joyeux nous pousse vers le refuge au moment de l’accident. Viviane vient de glisser sur une petite dalle lisse et la gravité ne fait pas de doute (plus tard nous apprendrons la fracture du péroné), elle ne peut plus marcher. On s’organise pour rejoindre le refuge au mieux (il restait 200m !). Certains s’occupent des sacs, d’autres de la blessée qui termine la journée sur le dos de Christian. 18h30, au refuge bondé, c’est l’effervescence du samedi soir. Les premiers soins s’organisent et le gardien nous annonce que l’hélico ne peut décoller compte tenu du plafond. Pour Viviane, il faut passer la nuit sur place…

De trop longues péripéties se succéderont ensuite pour Viviane : outre la constante de la blessure se succèderont l’héliportage le lendemain matin, l’hospitalisation un dimanche, la réduction de la fracture, l’attente dans un petit hôtel local, l’activation et l’intervention de l’assistance, le transfert ambulatoire sur PAU. Suite à l’héliportage nous mesurons à chaque étape la prise en compte d’un nouveau rebond de difficultés et la patience qu’il faut avoir dans de telles circonstances ou l’on subit les évènements.

les photos 1er jour par ici

J2 – Najanjo de Bulnes ou Picu Uriellu 2518m

C’est l’alpiniste Javier Sant que la compagnie des guides a délégué pour emmener une cordée de l’ASPTT sur le Najanjo. Suites aux événements malheureux de la veille, la cordée Jean-Marie / Antoine se trouve sur le pont dès 6h30. Javier est aux petits soins parce qu’il veut être le premier au pied de la voie. Dehors le temps est à l’humidité mais Javier, très optimiste, sourit. Notre manque d’enthousiasme et nos interrogations relatifs aux conditions ne le déstabilise pas. Il active le déjeuner, ça ne va pas assez vite, il est déjà prêt lui…

Nuit, frontale et cailloux glissants, il a pris la « Canal de la Celada » pour contourner le Najanjo et arriver sous la face sud. Dans son discours l’approche devait être « tranquilo », dans les faits, il monte comme un avion et nous devons nous employer à fond pour le suivre. On essaie de le faire parler sans vraiment de résultat concret sur le rythme ; en fait il nous évalue et maintenant accélère encore et encore, classique… Il nous a donné une corde de 60m à chacun et il porte les friends, dégaines et autres coinceurs. On arrive sans concurrence au pied de la voie, le soleil c’est levé, le rocher est sec, Javier sourit.

Baudrier casque et « pies de gato » pour les chaussons. Abandon des chaussures et des sacs sauf pour notre guide qui prend au passage notre eau. Les harnachements sont vérifiés et il part devant. La verticale ne gêne en rien Javier qui fait ce sommet une trentaine de fois par an. La première longueur courte nous pose le plus de soucis mais le rocher donne pas mal de solutions et on s’arrache, la seconde commence en traversée puis verticale à nouveau. Techniquement, cela n’est pas trop difficile, gaz quand même. Quelques points à chaque fois mais pas trop, 2 ou 3. Après la 3ème longueur, on ne parle plus de verticale. 4ème longueur donc puis encore une dernière justifiée seulement pour le max de sécurité… Déjà hauts dans la Najanjo, on s’encorde maintenant en libre, très court, environs 2m. L’hélico taxi-ambulance pour Viviane se signale et traverse le cirque au-dessous de nous : un immense soulagement. La progression s’effectue en traversée et après une  cheminée facile, la sortie sur le dôme sommital. Il fait soleil, tous les horizons sont à nous. Formidables sensations. Les derniers pas en crête vers le sommet en sud-ouest comme un dessert. On y trouve une petite vierge noire qui marque le point haut et remplace avantageusement le cairn sommital.

Javier exulte aussi. Les paysages, l’ivresse de la conquête, l’effort physique récompensé et le partage, un cocktail détonnant qui justifie la passion de la montagne. Ici, avec Jean-Marie se poursuit la complicité de plusieurs dizaines de courses, une nouvelle pierre s’ajoute. Demain à Torre Cerredo, il y aura aussi cette même sensation de bonheur démultipliée par la dimension du groupe.

Notre guide continue son œuvre, patiemment il explique les horizons et quelques-unes des particularités régionales. Selon que le sommet s’appelle picu, torre ou peña, il appartient à la Cantabrie, aux Asturies ou au Léon. La zone est à la convergence des 3 influences. On discute aussi du programme de notre groupe, Javier approuve, donne tous ses « tuyaux » pour Torre Cerredo, Peñe Castil et Peña Vieja. Il consolide la lecture de la carte.

Une petite demi-heure sur ce sommet et le guide donne le signal de la descente. On reste encordés très court jusqu’au premier point qu’il choisit pour le rappel. Au total, on va enchaîner 3 rappels de 60m, pratiquement tous jusqu’au bout des cordes. Javier assure par le bas et ne nous laisse aucune initiatives, il pose lui-même nos réverso sous l’anneau du relais, l’un derrière l’autre sur sangle à 50 cm du baudrier et descend le premier. Au relais, on trouve une première cordée mixte. Des jeunes, le garçon avec tout un attirail clinquant et neuf, la fille en second, une beauté et tout sourire pour une première aussi. Vient encore une cordée à 3 comme nous. Au pied du Najanjo quelques cailloux nous éviterons, on prend les sacs pour s’écarter sans prendre le temps d’enlever les chaussons…

Javier Sant, 51 ans, fils d’alpiniste, converti montagne depuis « baby », originaire des Pics de Europa, fidèle et apparemment amoureux de sa région puisqu’il y a conservé son chez lui, possède une expérience glacière importante, connaît notamment les hivers de Gavarnie mais « pas que » puisqu’il cumule une quinzaine d’expéditions en Himalaya, Patagonie et autres sommets d’Amérique du sud. Il en conserve des souvenirs cuisants suite à des gelures aux pieds. Mais il s’excuse presque d’en parler et évacue tout cela en disant qu’il n’y a pas de problèmes. Il sourit encore. Non Javier, tu n’as vraiment pas de problèmes. Un grand Merci pour cette journée.

les photos jour 2 de Javier par ici

 

J2 – Refuge José Jamon Luege par la Horcada Arenera 2283m.

En parallèle à l’ascension décrite précédemment, un autre programme prévoie de rejoindre le refuge Luege. Cet itinéraire de traverse du « Massif Central » d’Est en Ouest est typique de l’atmosphère des Pics de Europa avec des enchaînements de cirques et des passages brutaux de cols par des cheminées ardues.

Ne sont rapportés ici que les échos glanés sur cette journée car je ne l’ai pas vécue. Eventuellement, je laisse aux participants le soin de compléter…

Le groupe de 10, bien emmené par Christian, bénéficie d’une matinée météo bien découverte. L’ambiance doit être à la décontraction puisque la journée vivra une expérience mélomane unique dans les sorties ASPTT Montagne. Thierry conjugue la beauté des lieux avec celle d’inattendus airs de flute, laquelle doit être une pièce essentielle de son fond de sac. Jean-Baptiste, grand chanteur de chorale à ses heures, relève le défi bigourdan en plaçant quelques notes basques venues d’un temps que les moins de 20 ans… Bref, le refuge sera quand même rejoint sur un pas de danse et avec quelques airs envoutants pour le casse-croûte et le café : refuge gardé, qui ne compte qu’une vingtaine de places et donc aux dimensions beaucoup plus modestes que celui d’Urriellu (96 places).

Le temps change ensuite (allez savoir pourquoi !) et le retour à Urriellu se fera dans l’humidité. Au global, une journée bien pleine.

les photos jour 2 bis par ici

 

J3 – Torre Cerredo 2650m

Point culminant des Picos, l’itinéraire pour ce sommet reprend le début de celui du refuge Luege. Les topos décrivent un final un peu engagé. Le gros + de la journée, une météo annoncée radieuse !

Pour contourner la Diente de Uriellu, face au refuge, une première montée brutale se termine par une petite cheminée qui sort comme sur un col. De ce point, on voit plein nord le village de Bulnes et les mobiles peuvent reprendre du service. A la Horcada Arenera, le groupe laisse le chemin de la veille pour s’orienter plein sud par une succession de combes en restant pratiquement à hauteur constante. On débouche ainsi un peu comme sur un plateau qui domine le « Hou Cerreu » (trou de Cerredo ou cirque de Cerredo).

Une sente évidente conduit au pied de la torre. S’ensuit une barre grise d’une trentaine de mètres, obstacle dont on ne devine pas les clés mais, une fois dedans, elle ne pose guère de difficultés. La sente reprend, plus pentue style pierrier fin et glissant. Plus haut à droite une cheminée, débouche sur un léger plat. Nouvelle cheminée et nous finissons en pleine pente, escalade directe mais facile compte tenu des prises.

Le groupe de 10 sort au sommet en un seul bloc. Il est 12h15, timing parfait. On commence à reconnaître les sommets alentours mais d’ici, on ne voit pas le Najanjo caché derrière la Torre de la Pardida. Pas un nuage ! Belle réussite pour tous mais pas d’euphorie même si la descente attendra la fin du repas, un principe auquel on déroge peu….

Pour autant on ne traînera pas. Une cordée s’organise pour se lier au maximum jusqu’au bas de la première cheminée. Seuls électrons libres Christian et Jean-Marie veillent par le haut. Progressivement on redescend les mêmes prises.

La sieste bien méritée se fait sur le plateau.

En arrivant au refuge, on apprend que le transfert de Viviane en ambulance à l’Hôpital de PAU s’effectue vers 19h.

les photo jour 3 par ici

 

J4 – Peñe Castil 2448m

Météo prévue « correcte » le matin, optimisme donc. Comme pour le Najanjo, la journée commence par le passage dans le canal de la Celada qui sera abandonné un peu avant le col du même nom en prenant à gauche, un col entre la Torre et la Morra de Carnizo. Passage un peu engagé en dalles à descendre et voilà la combe de Garnizo. La progression évidente s’effectue plein nord, sous l’arête, à droite et va chercher les faiblesses de cette crête traversée par 2 petits cols successifs dans des cheminements toujours exposés. Le dernier pas nous propulse sous le versant nord du sommet et sur un tapis vert prairie qui surprend nos chaussures peu habituées depuis quelques jours. Ici, sur les pentes nord du Peñe Castil, le pastoralisme revit et des troupeaux de vaches et de chèvres occupent le terrain. Après le col Cambureru, le chemin arpente ensuite côté Est, à nouveau dans les cailloux, une constante. Dès lors la voie pour le sommet écrite, tous lâchent les chevaux des moteurs souvent en sous-régime. 11h sommet ensemble.

Les horizons à peine dégagés mais menaçants, livrent leurs secrets. La fraîcheur ambiante et l’horaire excédentaire poussent à la descente. Il vaut mieux assurer, on craint l’eau… Partis trop tôt pour déjeuner au sommet, le groupe revient au col Cambureru. Une convive, sympathique chèvre locale, mais puante selon Philippe, accompagne notre repos et se charge de nos excédents en pain. A nouveau, l’incertitude météo et un brusque changement de température bousculent une sieste promise.

Dans ce retour, les orientations d’encadrement s’adaptent aux fluctuations météo. De peur de finir un peu trop tôt au refuge, en arrivant sur le haut du Canal de la Celada, au lieu de descendre, on pousse jusqu’au col. De ce point la face sud du Najanjo se livre totalement et la cordée peut expliquer les clés de son ascension. Le timing encore excédentaire, ce col sera témoin d’une partie de pétanque d’un autre temps dans laquelle l’entente Gan-Bosdarros sera outrageusement balayée par la doublette Jurançonnaise très déterminée et mieux inspirée. Descente du Canal de la Celada et retour au refuge ou les rafraichissements bien mérités de l’after ne manquent pas.

les photos jour 4 par ici

 

J5 – Retour et Collado de Los Horcados Rojos 2344m

Une météo exécrable annoncée à tort depuis 48h aura bien troublé ce retour et miné peu à peu la détermination nécessaire pour réaliser l’ascension de Peña Vieja. Des plans ORSEC auraient même pu voir le jour mais la tempête a du prendre du retard puisqu’au pied du lit, le caillou reste sec. Déjeuner pris, il devient mouillé, ça bruinasse bien. Au final, la solution la plus simple nous renvoie vers le Col de Los Horcados Rojos. Ce temps maussade gêne très peu notre progression et on découvre même, à la faveur d’une hauteur de plafond significative, les paysages du final du premier jour que nous avions traversés au GPS. La seule difficulté réelle sera de remonter les « mains courantes » dans un dédale caillouteux bien imprégné d’eau, de câbles et de dalles. Toujours proches et précis, l’ultime écueil passe avec un certain soulagement. La descente du col alterne les séquences  nuageuses plus ou moins agressives. Sur quel pied danser ?

A l’intersection de Peña Vieja, l’idée d’un épilogue confortable au restaurant a fait du chemin… Et, surprise, l’encadrant ne ralentit même pas pour considérer une éventuelle interrogation d’aller faire le sommet ou pas. Bien entendu, il aura tort, style “si tu regardes la météo… tu restes à Pau”. Aveu de faiblesse ou vieillissement prématuré ? Les deux assurément. Toujours est-il que la suite de la journée démontrera que la météo nous aurait permis de réaliser ce sommet. Regrets et excuses pour Peña Vieja. Bon, après soyons raisonnables : le vécu des 5 journées, la tension accumulée, l’impasse du sommet nous projette sur un timing confortable, conserve l’unité du groupe et cerise sur le gâteau, le restaurant promis a bien eu lieu au village de Panes et nous a comblés ! Quand même… bouder Peña Vieja ! Sacrilège !!! Pierre noire, je reviendrai, promis.

Le téléférico en point de mire, première étape pour le retour en Béarn vers 21h.

les photos jours 5 par ici

 

A l’heure de conclure, je remercie tous les acteurs pour leur solidarité réflexe dans la colonne, le terrain n’était pas facile et il est rassurant de pouvoir compter sur tous. Bien entendu, je n’oublie pas Viviane qui aura fait preuve d’une grande force de caractère pour dominer les évènements contraires. On l’embrasse bien fort et on lui souhaite un prompt rétablissement.

A bientôt.

Antoine
mon compteur

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