On est le 16 décembre, on est 13, il va faire très beau et c’est la dernière randonnée avant la fin du monde de la semaine prochaine. D’ailleurs, tout le monde le sait et du coup, à la descente de la voiture, juste au virage avant ARDENGOST, certains s’aperçoivent qu’il manque des arvas, des crampons… Un laisser-aller facile à comprendre…
Et comme la fin du monde arrive bientôt, on part malgré tout…
La NGF (hauteur du sol par rapport au niveau de la mer) dit 1000m et on est déjà en raquettes ; on n’a pas le choix, on va les endurer 8h durant pour plus de 1100m de dénivelé. Dans le bois de Jézeau, on a bien essayé de s’en passer mais non, pas possible. Le sol est bien pris, pas de la fraîche et ça tape, ça cogne tout le temps. Quelquefois la croûte casse. L’arrivée avec le soleil au Plan des Pins nous soulage, la suite s’effectue désormais en crêtes. Pour la description, stop, voir les photos… La neige se fend mieux, on devrait pouvoir faire de la vraie bonne raquette.
Mais comme la fin du monde arrive bientôt, tout le monde s’en fout…
Bien que 5 ou sixième à passer, je pioche comme un forcené dans des trous complétement artificiels et récents, là où je devrais être tranquillet, comme un coq en pâte. Alors plus loin, à la faveur d’un arrêt soleil, explication de textes sur une théorie de la marche en Quinconce. Et là, stupéfaction, le roi Daniel se comporte en disciple avisé et prend le relais pour casser les trous laissés par nos prédécesseurs. Je me repais de ce confort jusqu’au Cap d’Artigue Couade. A ce point le constat des troupes montre comme un bon début de fatigue. On essaie de reparler de Quinconce, mais ce type doit avoir un nom bien compliqué à comprendre et puis de toute façon, toute la crête exposée au vent restera très dure.
Alors comme la fin du monde arrive bientôt, c’est pas grave…
Maintenant tout le monde est « en cales », pas forcément en « cannes ». Plus tard, sur la dernière butte, après quelques pas de glaces diverses, plus de 13h30, il reste 70m de dénivelé. Quelques bucherons de neige qui ont déjà gagné le sommet s’occupent déjà aux commentaires des paysages mais il fait froid. Depuis un grand moment, l’équation horaire de cette journée me burine la cervelle et quand Monique a une crampe, comme elle se scotche au bas de la butte, j’oriente la mutinerie et l’arrière du groupe va rester là! S’improvise alors un repas sans vin, sans apéro, sans café, sans pousse café, la dèche, fallait oser ! Monique est la plus sinistrée des mutins, elle n’a même plus son fournisseur attitré, on s’oblige à se cotiser pour l’alimenter un peu… strict nécessaire.
Car comme la fin du monde arrive bientôt, il faut bien partager pour survivre…
Oui, c’est la faim qui les a fait descendre sur le chemin du retour et le plus costaud, celui qui fait les plus gros trous, le géant fournisseur de Monique, il aurait dit un truc comme quoi, à cet endroit- là, il faisait froid, qu’il fallait aller manger ailleurs. Les mutins se rangent à cet avis, rapport à tout ce qui faisait défaut. Si la fin du monde vient, il y a des arguments contre lesquels on ne saura pas lutter. Se met en place un itinéraire imprévisible mais qu’il faut aller voir quand même pour ne pas faire de frustration. L’absence des crampons nous rattrape vite. Une brève descente suffit à ramener le groupe dans la remontée sur l’itinéraire du matin, en crête et le salutaire déjeuner s’effectue au Cap d’Artigue Couade.
Et là, comme la fin du monde arrive bientôt, tout le monde se nourrit et se nourrit encore, un max, dernier repas…
Après ce réflexe de survie bien mérité, un petit peu plus tard, il faut vraiment du courage pour repartir. On rejoint vite le fil du ruisseau d’ARDENGOST, il suffit de le suivre par une longue, très longue piste qui nous amènera aux voitures. 17h15, les dernières raquettes sont défaites, pour un peu, il aurait fallu la frontale. A ARREAU, au LONDRES, nous avons nos habitudes et un gâteau de Noel remet les idées en place : dire que nous avons vécu la dernière de l’ASPTT PAU !!!
Puisque la fin du monde arrive bientôt, nous avons notre plan secret…
Et oui, notre Noé à nous, Il se prénomme André, il vous convie dans un monde nouveau dès dimanche prochain, il est sur de survivre puisqu’il officie sur la sortie du 23 décembre au Pla de l’Arcouade. il vous propose un plan B = repli spartiate dans une grotte « sèche » près d’ARREAU ou il aurait fait de la spéléo dans une autre vie. A tout ceux qui passeront ce cap du 21 décembre, il recommande de ne pas oublier les traditionnels crampons, arva, masque à gaz, combinaison anti-tout, pénicilline, à manger pour 6 jours qu’il faudra rationner pour tenir jusqu’en 2013, nécessaire de couture, toile de tente. Le départ sera avancé si pénurie de pétrole. Les premières consignes de cet ordre nouveau vous seront envoyés par notre secrétariat avec pigeon voyageur, mettez de côté quelques graines pour les nourrir car il faut qu’ils puissent faire des aller et retour… exceptionnellement, Il faudra sans doute partir à pied de l’ASPTT et le bureau ne saurait se prononcer pour la suite. Ceux qui ne survivront pas peuvent tout vendre après cette lecture.
Antoine
merci à gene et kiki pour les photos
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