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3 jours à rioumajou

 L’ASPTT est déjà venue dans cette zone pour un bivouac et cela avait valu une belle réussite sur le voisin tricéphale Batoua. En quelque sorte, il s’agit de compléter l’exploration de cette vallée.
Ce vendredi, un premier peloton d’avant-garde constitué de 5 pionniers file vers le col d’Ourdissetou en espérant le renfort de 4 autres pour la fin de journée. Le col et le Pic seront visités malgré un accès un peu long mais surtout un départ trop tardif, seul responsable du retour élégant sacrifié…  scandaleux ! Et du coup, ce n’est qu’après 19h en retrouvant les voitures que l’installation du bivouac peut commencer, un peu en aval du parking de Frédancon.  Juste le temps de positionner les tentes, sur le bras herbeux de la Neste et voilà le quartet manquant formant le groupeto qui arrive ! En matière de bivouac, Mylène et Christian, assurent un soutien logistique inégalable, fruit d’une longue expérience de pêcheurs en altitude. Les réflexes sont rodés. Tentes plantées, table posée, foyer matérialisé, 2 rondins feront le rond des convives, quelques blocs assureront les dessertes de liquides divers. Quatre étoîles. L‘heure des grillades sonne avec la nuit qui tombe vite. Des conversations  sérieuses et philosophiques, le club, l’escalade, la montagne sport et la montagne loisirs, toutes les réponses en direct. Le «rosado bueno» appuyé d’un surprenant  «rojo bueno» et complété par la Grappa d’Aoste stimulent l’ambiance qui atteint des sommets lorsque chacun devrait retrouver le calme propice d’un belle nuit d’été. On ne sait plus alors qui, du coq, du loup , du panda, du lama, du recoq,  du cerf, du relourd aussi répond à cette vraie hulotte qui y perd son latin, mais des rires exultent, réchauffent la nuit…

Ce matin, l’objectif devrait nous mener au pic de Thou. Romain a reconnu, les stigmates classiques du chemin de transhumance, dévalant de l’estive jusqu’au fond de la vallée, sente sauvage recouverte de cailloux et bien bordée, comme canalisée par les conséquences du travail de l’érosion dû au ruissellement, sans pitié pour les pieds et le souffle. Une fois l’étage prairie atteint, un régal pour les yeux, la paix de la cabane du ruisseau de Hitte Longue qui fait la transition entre le bois et l’estive.  Le chemin devient agréable et découvert, les cairns distincts. Bientôt la mi-journée, et plus haut les lacs de Consaterre sont 3 et ce sont aussi  3 pêcheurs, genre «Cyrano de Bergerac», qui nous accueillent aux sons rocailleux de voix d’autres contrées, voix de mousquetaires bien confirmées par les moustaches malicieuses et retroussées. Ils auraient été plus jeunes, « Garez vos filles ! » auraient dit mon grand-père… En guise de poisson ces «rigolos» nous amusent et présentent des filets de sardines à l’huile d’olive. Mais il est déjà tard et un féroce groupe d’assaut fonce vers le sommet. Caractérisé par un cairn monumental, le pic de Thou, n’a rien de bien significatif et de plus, ce belvédère est aujourd’hui bien tracassé par une météo boudeuse et encombrée de passages nuageux soutenus. La descente se fera dans le brouillard épais, en conjuguant positivement toutes les mémoires de la montée, cela facilite bien les choses d’être plusieurs… Pas de déception puisque, on le sait déjà, le meilleur est pour demain. La soirée est une redite grillée de la veille sauf que le Jurançon ne passerait pas le cap mythique de la Grappa d’Aoste, ajoutez-y l’humidité poignante du crépuscule et la véritable anecdotique autorité féminine feutrée de Monique, vous obtenez un mélange détonnant qui nous vaut un retour prématuré aux tanières. Jean-Marie en est malade. Très mal habitué, pensez donc, des années qu’il ne s’était pas couché à 21h !! Ce coup-là pourtant tout le monde aurait vite dormi, en tous cas le coq catalan s’est bien tu…

Dimanche, une météo promise, un groupe rodé, décidé et affuté, 7h30, oui, ce jour du Seigneur, le Lustou a bien rendez-vous avec nous. Au bout d’1km de piste carrossable, il nous faut traverser le ruisseau. Le chemin est confortable, au bas de la Sapinière de Thou on atteint un sous-bois en pinède magnifique. Le chemin s’élargit ensuite, devient caillouteux et suit le ruisseau de la Piarne qu’il domine rive gauche. Après une zone escarpée le ruisseau a fait un virage brutal et la montagne offre, rive droite, la cicatrice rasée sur plus d’1 kilomètre de pente. Une avalanche monumentale, monstrueuse, descendue depuis les crêtes du Lustou il y a 7 années environs. Le climat, l’hiver et le printemps surtout, avalent peu à peu les arbres morts emportés par la neige vers l’aval,  jusque dans le ruisseau, dans un encombrement inimaginable qui va se résorber avec les saisons. Pour l’heure, la végétation reprend difficilement et il reste la  vraie balafre saisissante d’un moment d’apocalypse. Plus loin la cabane du Lustou  arrive vite, précédée du marquage sympathique, simple, heureux et très élégant de la côte 2000 sur un caillou inévitable. Mais ?? Sacrilège !! L’abri sympathique d’autrefois, ouvert à tous a été restauré et emporté par l’avalanche du progrès, qui, seule, prend les décisions. La cabane a subi une extension importante et reste encore en travaux. La cabane s’est abattue sur le chien. Ces murs ne nous abriterons plus, leur porte nous est cadenassée et ne nous appartient plus, nous sommes les inquisiteurs craints des lieux. En guise d’abri, restera donc un petit auvent bien encombré mais pas les murs centenaires. Au souvenir des moments de quiétudes que m’avaient donné ce refuge, alors qu’il pleuvait  « à pilons » dehors, j’ai un hoquet. En un clin d’œil, il me faut faire le deuil d’une époque et je n’y suis pas préparé ; le temps est passé, le temps a passé. Seul reste le Lustou : sous les pieds sa pente salvatrice retrouvée, valeur sure, fraîche et fidèle, elle, raide mais confortable et finalement rassurante. Le premier soleil rattrapé, la pause sur le rocher sec, le morceau de pain au saucisson, le goût salé du bonheur de la halte, celui-là, on ne me l’enlèvera pas. Le must, un moment fragile, le groupe, le rire,  l’harmonie. La mer de nuages encore présente nous donne  le spectacle aérien d’une vue d’hélicoptère. La barrière de montagne occupe tous les azimuts. On grimpe toujours, toujours plus.

Il est 11h, dernier véritable arrêt. Faire le point avec le groupe ? Depuis un moment le rythme est devenu trop lent pour l’ensemble, la surchauffe évidente des diésels en retraite pas encore tous reformés, l’appétit trop fort, la voracité, la volonté d’en découdre, les tripes de la conquête à ciel ouvert, il est bien temps de lâcher les chevaux qui piaffent. A 5, ils se sont détachés, presque sans bruit, comme pour ne pas déranger et pour foncer vers cette brèche évidente à droite de l’antécime nord. Un pierrier pentu semblera les calmer un moment, mais ce dernier écueil avalé, la ruée au sommet les libère complètement. Vite, le drapeau jaune du Béarn exulte et flotte sur le Lustou. A cet instant, les 4 autres, nous arrivons sereins mais le couteau entre les dents, pressés et bien décidés à en découdre à notre tour, par une voie «normale comme l’actualité», sur l’antécime nord. Geneviève s’arrache depuis un grand moment mais ne veut plus lâcher, ne lâchera plus, juré, elle prend sur elle, seulement magnifique. C’est que, elle a de qui tenir notre photographe !  Les bâtons rangés, Christiane et Josette s’avancent sur cette crête aérienne qu’elles survolent avec leurs certitudes. Le contact des mains sur la pierre chaude, les équations des corps à passer, cette bagarre les ravit. Pour elles, la bagarre sera trop courte, l’opposition est vaincue, déjà le sommet est là. Le temps clair nous offre les grands massifs, une déferlante de noms, d’endroits de passage, de moments aussi précieux que ce présent. Il en ressort d’autres épopées, d’autres visages et rires. Notre histoire. Notre montagne.

Plus tard, après le repas pris en pleine crête, le retour s’effectue aussi dans une grande et remarquable solidarité de groupe, cerise sur le gâteau, signe d’un partage rêvé total et finalement bien réel, juste parfaitement accompli.

 

Merci Lustou, grand Merci.

les photos de gene  

Commentaires

  1. kiki dit :

    bravo pour le texte, bravo pour les photos, bravo pour le bivouac bravo pour le weekend c’était très bien!!!

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